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Le Coeur gelé par Kalorenn Contes et légendes du monde  <    Publications     > 
Le Cœur gelé

Création de Kalorenn
lors de la Veillée des Contes de la Chope Sucrée le 29e jour du 8e mois de l'an 34.
Adapté par Ione Densilla pour les Editions du Nénuphar.
En Lordaeron, une jeune femme, Alistre, et son mari, Téon, vivaient en toute simplicité de la terre et n'en demandaient pas davantage à la vie. Aussi, un soir d'hiver, alors qu'ils prenaient le souper dans la chaleur confortable de leur chaumière, furent-ils surpris d'entendre frapper à leur porte.
Téon, pour qui l'hospitalité n'était pas un vain mot, alla ouvrir. Un vieil homme, maigre et courbé, en guenilles, coiffé d'un crâne de bouc, se tenait là. Sans même saluer, il murmura quelques mots dans une langue inconnue. Des cadavres desséchés surgirent du sol, se ruèrent sur Téon et l'emmenèrent dans la nuit froide.
Le vieux nécromancien regarda la jeune Alistre, horrifiée, et lui dit simplement avant de se fondre dans les ténèbres :
— Je viens recruter un nouveau chevalier de la mort.
Le lendemain, la jeune femme, désespérée, ayant pleuré toute la nuit, décida de se mettre à la poursuite de l'homme. N'emportant que quelques affaires qu'elle roula dans un châle et sa détermination en guise de monture, elle quitta sa chaumière et voyagea à travers le pays parmi les hauts arbres des Pins Argentés.

Bientôt, elle croisa un guerrier sur la route qui l'arrêta et lui demanda pourquoi elle cheminait ainsi, seule. Elle répondit :
— Je cherche mon mari qui m'a été enlevé.
Après un instant de réflexion, le guerrier lui proposa :
— Je te promets force et adresse, si tu es capable d'apprendre.
Alistre avait été une fermière, elle ne savait pas se battre. Elle décida donc de rester quelques mois avec l'homme pour apprendre puis, quand elle sut manier le bâton, l'épée et la lance, elle reprit sa route.

En traversant le pays jusqu'à Stratholme, qui avait déjà été ravagé par le Fléau, elle croisa en route une femme âgée, mage du Kirin-Tor.
— Je cherche mon mari qui m'a été enlevé, lui dit-elle.
Habituée à jauger les personnes qu'elle rencontrait, la vieille femme lui répondit :
— Je te promets puissance et savoir, si tu es capable d'écouter.
Alistre était démunie mais pas sotte, elle savait ce qui l'attendait. Elle se dit qu'un peu de magie et de connaissances lui seraient sans doute d'une grande aide, là où elle allait. Elle décida donc de rester quelques mois avec la femme, pour écouter puis, lorsqu'elle eut mémorisé les douze grandes figures des arcanes et les quarante-deux runes mineures, elle reprit sa route.

Devant les flammes de la ville, elle crut qu'elle arrivait trop tard et fut assaillie par une vague de désespoir. Regardant mieux, elle aperçut en contrebas un campement de tentes rouge et blanc. Elle reconnut les couleurs de la Croisade Ecarlate et s'approcha. Là, elle rencontra la jeune Abbendis qui, bien sûr, lui demanda ce qu'elle faisait si loin de chez elle.
— Je cherche mon mari, lui dit-elle.
Impressionnée par la détermination et le courage d'Alistre, Abbendis décida de l'aider dans son entreprise en lui proposant des troupes et des navires pour poursuivre le nécromancien jusqu'à Norfendre.
— Je te promets pouvoir et gloire, si tu es capable de diriger, dit-elle à Alistre.
Celle-ci savait bien que, sans navire ni aide, elle ne survivrait pas longtemps dans les terres gelées de Norfendre, aussi accepta-t-elle la proposition et fit voile vers le Nord.

Dans la toundra glacée de la Désolation des Dragons, alors que le vent hurlait et déchirait les étendards dans la nuit, Alistre et ses hommes campaient non loin de Naxxramas, où la piste du nécromancien qui avait enlevé son mari les avait menée.
Alors qu'elle était assise un peu à l'écart, emmitouflée dans une lourde cape, un vieil homme apparut dans le brouillard, pâle et pauvre.
— Je cherche mon mari, lui dit-elle.
Il lui tendit la main, et répondit :
— Je te promets l'immortalité, si tu es capable de l'accepter.
Alistre réfléchit qu'avec ce présent, elle pourrait continuer à chercher son mari sans crainte. Bien que très méfiante, elle se résolu donc à accepter le toucher glacial de l'homme et, le lendemain, reprit sa route sous un ciel gris.
 
La bataille avait fait rage et les corps rougissaient la neige.
Alistre s'était frayé un chemin sanglant jusqu'au centre du camp ennemi et elle aperçut les petites cages. Dans l'une d'entre elles, Téon était là, transi, maigre mais vivant. Elle fit sauter la chaîne, aida Téon à sortir et le prit dans ses bras, heureuse d'avoir enfin retrouvé son mari et achevé sa quête.
Mais Téon la repoussa et lui dit :
— Qui êtes-vous ?
Alors, Alistre se regarda dans une flaque gelée.
Elle se vit, grande, forte, sa lourde armure et son épée couvertes de signes magiques. Elle se vit, pâle, emplie de colère et de remords, le regard vide et le sang gouttant de son épée. Elle vit aussi ses hommes qui commençaient déjà à se faire relever autour d'elle par les nécromanciens du Fléau.
L'un d'entre eux s'avança vers elle, et elle reconnut le vieil homme décharné et coiffé d'un crâne de bouc. C'était lui, lui qui était venu enlever son mari ce soir-là, il y avait une éternité.
Elle leva bien haut son épée, sans faiblir, pour porter un coup mortel, mais il lui dit simplement :
— Je viens recruter un nouveau Chevalier de la mort.
***