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Un Eclat de Lumière par Garrance VanHowzen Contes et légendes du monde  <    Publications     > 
Un Eclat de Lumière

par Garrance VanHowzen, Comtesse de Hautelande.
Un homme marchait seul sur une route aride et poussiéreuse, au fin fond d'un désert du Sud.
Cheminant seul depuis des mois, il se traînait, les épaules basses, le front soucieux, la barbe longue et grise, s'épuisant à chercher son chemin, le sien, qu'il appelait la Voie de la Vérité. Désespérant de la trouver, malgré son désir et sa ténacité, chaque jour le trouvait davantage triste et découragé.
Enfin, un soir de lassitude extrême, assis au coin d'un feu qu'il avait préparé pour la nuit, il leva les yeux vers le ciel dans lequel scintillaient des étoiles, indifférentes ou bienveillantes, et s'écria :

— Hé, vous là haut ! N'avez-vous aucune pitié, vous qui m'observez du haut des cieux ? Ne voyez vous pas que je suis là depuis des mois, peut-être même des années, seul et sans soutien ? Pourquoi donc restez-vous silencieux ? Faites moi un signe si vous existez !

Puis, convaincu de son insignifiance et de sa solitude infinie, il soupira en jetant une poignée de terre sur le feu, maugréant contre sa vie dépourvue de sens.

— A quoi bon, à quoi bon, répétait-il, les yeux rivés sur le feu. De toute façon, je n'y arriverai pas. Je ne sais même pas si ce chemin existe... Je le cherche depuis si longtemps, j'aurais déjà dû le trouver.


C'est alors qu'apparût une vive clarté, dont la blancheur éblouissante semblait réduire le feu de camp à une simple bougie. Flottant au dessus du sol, une silhouette se dessina et parla d'une voix claire, bien qu'elle put être entendue comme un murmure.

— Que se passe-t-il donc, quelque chose ne va pas ? Je t'ai entendu crier, toi pourtant toujours si calme.

L'homme, tout à son malheur et prisonnier de sa spirale mélancolique, fut bien vite revenu de sa surprise et maugréa une vague réponse dans sa barbe d'ermite.

— C'est à toi que je te parle, reprit de sa voix inimitable l'Esprit Gardien [1] — car c'en était bien un. Es-tu perdu ? Quel chemin cherches-tu si ardemment ?

— Mais quelle question ! Celui de la Vérité, bien sûr ! Il tonnait dans la nuit et le son de sa voix sembla alimenter le souffle du feu qui se mit à crépiter. A quoi sers-tu donc, pourquoi te présentes-tu à mes yeux, si tu n'es même pas capable de me montrer le Chemin ?

Le cœur de l'homme était maintenant submergé de colère, il s'emportait pour se donner du courage, le courage d'affronter les éléments ou les étoiles qui l'avaient abandonné. L'Esprit Gardien l'observa un moment en silence, le temps qu'il faut à un homme découragé pour entendre ce qu'on lui dit.

— Dis m'en un peu plus afin que je puisse t'aider, car je le peux, je suis ton Gardien. Quel est donc ce chemin que tu cherches avec tant d'acharnement ?

Le vieil homme haussa les épaules, soupirant, s'en bien se rendre compte de l'opportunité qui lui était offerte, car bien peu ont la chance de rencontrer un tel être de leur vivant [2]. Il laissa enfin échapper un souffle de rage mal contenue.

— Je te l'ai déjà dit, celui de la Vérité, c'est pourtant simple ! Toi au moins du devrais comprendre.

— Justement, je suis là pour t'aider, et te montrer que tu t'obstines pour rien car tu es déjà sur ce chemin. Il te suffit de le suivre avec confiance au lieu de te morfondre ainsi.

Un grand éclat de rire mauvais souleva le corps de l'homme et réchauffa son cœur meurtri.

— Que me chantes-tu là ? Si j'étais sur ce Chemin, je le saurais ! Même un pauvre idiot comme moi le saurait, c'est certain !

— Ah oui ? Et comment le saurais-tu ? Raconte moi cela, répondit l'être, avec toute la patience et la tendresse que lui donnait la longue pratique de cet Humain dont il avait la charge.

— Et bien, cela se saurait, non ? Je veux dire, je le sentirais, je le verrais ! L'homme passait et repassait sa main dans sa barbe drue et grise.

— Et que verrais tu donc ? Le Gardien s'exprimait maintenant très doucement, sachant qu'il touchait le cœur de l'homme épuisé. Mais déjà l'homme s'emportait.

— Mais tu m'ennuies à la fin ! Cela ne s'explique pas ! Quand on regarde quelqu'un dans les yeux avec attention, on peut savoir s'il dit la vérité ou pas. Et bien, c'est la même chose... Si j'étais sur le vrai Chemin, le mien, celui de ma vérité, je le verrais, c'est aussi simple que ça !

— Oui, je crois que je vois mieux de quoi tu parles. Dis moi maintenant, depuis combien de temps ne t'es-tu pas regardé en face ?

Perplexe, l'homme observait la créature qui se disait être son Esprit Gardien. Où veut-il en venir, se disait-il. Qu'ai-je donc à faire de ces questions stupides, moi qui suis en quête de la Vérité ? Est-ce un démon qui tente de m'embrouiller et de me perdre ?

— Tiens, je crois que le hasard fait bien les choses, reprit le Gardien, dont la lueur s'étendit jusqu'à accrocher un reflet non loin du feu. Regarde, n'est-ce pas là un fragment de miroir ? Voudrais tu le ramasser ?

L'homme se leva en maugréant et prit le miroir dans sa main droite, frottant le verre poussiéreux de sa main gauche.

— Oui, et alors ? commença-t-il, exaspéré. Mais tout à coup son regard fut attiré par un éclat. Qu'est ce donc que ceci ? pensa-t-il, le regard perdu au fond du miroir. On dirait un fanion dans la nuit, un repère, un signal, ou un appel ?

— Dis moi, que vois-tu ? demanda l'Esprit Gardien après un long moment, le laissant tout à sa vision.

L'homme s'affaissa sans prendre garde au feu qui crépita, faisant exploser une gerbe d'étincelles.

— Un regard, je vois mon regard, répondit-il sans prendre garde au feu qui reprenait.

— Oui, et toi qui sait si bien lire la Vérité au fond des yeux des autres, que lis-tu dans ces yeux qui sont les tiens ?

L'homme opinait lentement, captivé par ce regard qui lui était renvoyé, et de plus en plus ému par sa découverte.

Il ne vit pas l'être qui s'était présenté à lui comme son Gardien disparaitre lentement, pas plus que le feu de camp s'éteindre lentement faute de bois. C'est à peine s'il remarqua l'aube naissante et le soleil se lever lentement sur les terres désolées qui l'entouraient.

Il sut par contre avec une évidence absolue que la Vérité qu'il s'obstinait à chercher avec entêtement et abnégation était déjà en lui, et que pour l'entendre il suffisait de l'écouter, que pour la voir il fallait la regarder, et pour la ressentir il fallait l'accueillir.

Il comprit ainsi que la Voie qu'il s'évertuait à chercher était celui de la Vie, de la Lumière, et qu'il était vain de parcourir les mers et d'arpenter les déserts jusqu' à en tomber de découragement. Il suffit de s'assoir et de se laisser être pour voir son chemin s'ouvrir devant nous, car chacun sait ce qu'il y a à savoir pour être vrai.
[1]. Certains enseignements de la Lumière chez les Humains font état de rites et d'incantations complexes permettant d'invoquer un Esprit Gardien, un être doté de grandes ailes qui augmenterait l'efficacité des soins prodigués par les prêtres et qui pourrait même parfois lui éviter la mort en se "sacrifiant" pour lui. D'autres cultures pourront voir dans ces Gardiens d'une blancheur éblouissante les fameux Naaru proches du peuple draeneï.
Il existerait un pendant démoniaque à ces êtres de Lumière, des entités à la peau sombre et répondant aux appels de certaines créatures versées dans la magie gangrénée.

[2]. Dans la mythologie draeneï, on trouve des références à un Naaru "dédié" à chaque Draeneï, le naa'ti, qui, bien que ne se montrant jamais, l'accompagnerait et l'aiderait tout le temps de sa vie. Voir à ce sujet le conte La Trace d'une vie, d'Ambre, publié aux Editions du Nénuphar.
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