Fan-fictions World of Warcraft.
Les Arts subtils, introduction aux magies Mythes et pensée  <    Publications     > 
VI. L'Addiction du mage de bataille.
par Itheral Mirelame
Les particularités addictives de la magie arcanique sont parfois décriées par les plus méfiants, et aussi parfois sous-estimées par les plus confiants, si bien qu'il peut sembler difficile de définir avec précision les risques de l'usage intensif des arcanes et de répondre avec justesse à cette question.
S'affranchissant des craintes et des préjugés, passant outre les discours rassurants, l'auteur livre un argumentaire détaillé sur un sujet sensible.
Toute guerre est traumatisante, et les séquelles que portent chaque combattant peuvent être profondes. Lorsque ces combattants ont appris à maîtriser la puissance des arcanes, le retour au pays peut se révéler plus difficile encore, et même faire vaciller la raison du mieux entraîné des mages. Cette étude se penche sur ce problème, ainsi que sur les moyens de prévenir son apparition.
1. Rappel des notions abordées.
Les arcanes sont un danger en elles-mêmes, pour leur utilisateur, mais aussi et surtout pour son environnement immédiat. En effet, si cet utilisateur a, le plus souvent, bien conscience du risque auquel il s'expose, ce n'est pas toujours le cas de tout ce qui se trouve autour de lui. Fort heureusement, dans la vaste majorité des cas, un arcaniste évite d'avoir un impact sur ce qui l'entoure, particulièrement sur ce qui est plus ou moins vivant. Il existe cependant des arcanistes formés et entraînés à avoir un impact sur les êtres autour d'eux, à neutraliser, voire annihiler les êtres autour d'eux. Tels sont les mages de bataille.
Un mage de bataille est un mage qui, après avoir obtenu ce statut du Kirin Tor, se destine à la maîtrise des arts magiques destinés au combat, qu'il s'agisse d'affrontement direct avec un autre lanceur de sorts ou des combattants plus conventionnels. Nous parlons donc ici d'utilisateurs qualifiés d'une magie par nature dangereuse, et qui ont reçu de surcroît une formation visant à les rendre plus dangereux encore.

Par ailleurs, rappelons que les arcanes corrompent et peuvent aisément rendre dépendant. Tout utilisateur d'arcanes s'expose en effet à une forme de corruption et d'accoutumance. Aucun moyen n'a, à ce jour, été découvert qui permette de soustraire un arcaniste à ces effets pervers, qui se font sentir dès la première utilisation d'énergie arcanique, et se renforcent à chaque nouvelle utilisation.
Cependant, il existe quelques facteurs aggravants, comme la fréquence d'utilisation et l'intensité des sorts employés, mais le plus connu est, bien sûr, la pureté de l'énergie en question. Ainsi, un arcaniste puisant dans les lignes telluriques d'Azeroth aura accès à une source d'énergie pure, et sera corrompu bien moins rapidement qu'un autre se servant dans le Néant.

Bien évidemment, chaque mage réagira différemment selon ses prédispositions, son caractère et la force de sa volonté. Cependant, si l'on combine la conscience permanente du danger sur un champ de bataille, l'utilisation intensive de sortilèges jusqu'au plus extrême épuisement, la sensation de puissance lorsqu'un sort est lancé avec succès — et qu'une vague d'arcane traverse le mage —, à la satisfaction de voir ses ennemis tombés, nous obtenons un mélange hautement addictif dont il ne sera pas aisé de se débarrasser de ses effets lors du retour à une vie civile.
2. Une bombe à retardement.
Bien que nous connaissions actuellement une période de calme relatif, le Kirin Tor n'a jamais connu un état de paix durable, avec bien évidemment des effets sur la politique menée autant en interne qu'à l'extérieur par cette organisation. Si Dalaran était autrefois un havre de savoir et de recherche, cette époque est révolue, car, de nos jours, le Kirin Tor prend une part de plus en plus active dans les conflits, et contrôle l'utilisation de l'arcane autant qu'il le peut.

Le tout premier des effets de cette politique fut la création d'un groupe armé qui serait capable de mettre les capacités du Kirin Tor à la hauteur de ses ambitions. Et si la magiocratie disposait certes au début de la Troisième Guerre d'un nombre raisonnable de combattants, ainsi que d'archimages polyvalents, il n'y avait encore aucun mage de bataille à proprement parler.
Ce corps de mages de bataille est le fruit de cette politique agressive qui fut adoptée par le Kirin Tor dès les prémices de la Guerre du Nexus [1], et exacerbée suite à la prise de pouvoir de Dame Portvaillant [2]. Au fil des années, un nombre de plus en plus important de mages de bataille fut formés, afin de répondre aux demandes élevées de tous les conflits dans lesquels le Kirin Tor s'impliquait aux côtés de l'Alliance.
Il ne s'agit pas ici de juger de la pertinence de cette politique, qui se justifie par bien des aspects, en réponse aux besoins d'une époque. Nul ne pourrait imaginer l'histoire contemporaine si Dalaran était restée une cité neutre et centrée sur elle-même.

Cependant, et c'est le postulat sur lequel ma théorie repose, cette situation ne va peut-être pas durer. En effet, si une paix durable venait à s'instaurer sur une Azeroth débarrassée de menaces telles que la Légion Ardente ou autre, nous assisterions au retour dans leurs foyers de plusieurs centaines de mages de bataille. Si certains pourront peut-être être engagés comme mercenaires, ou autres combattants privés, il y a fort à parier qu'une vaste majorité devrait revenir à des tâches plus ordinaires et routinières, telles qu'enseignement, recherche, artisanat, etc.
Or, comme nous l'avons vu précédemment, on ne revient pas aisément d'une période de plusieurs années passées à utiliser ses pouvoirs de manière exacerbée. Ne nous leurrons pas, la plupart de ces mages, ne devant leur survie qu'à l'utilisation intensive, et parfois désespérée, de l'arcane, auront quelques difficultés lors d'un brusque retour à la vie civile, qui n'offre que peu d'opportunités de déchaîner la puissance que les arcanes mettent à notre disposition. Le manque et la dépendance se feront rapidement sentir, et tous ces arcanistes vétérans devront faire face à un sevrage brutal et forcé.

Ce ne serait pas un réel problème s'il ne s'agissait que de cas isolés, car le Kirin Tor est est parfaitement capable de prendre en charge ses membres lorsque ceux-ci perdent pied [3]. Cependant, nous parlons ici d'une armée complète, une armée de mages de bataille aux pouvoirs redoutables, forts de plusieurs années d'expérience dans leur utilisation, et qui seraient tous saisis aux tripes par leur dépendance à l'arcane.
D'après mon expérience, un mage de bataille qui subit un effet de manque post-conflit ne tient pas un mois avant de commencer à provoquer des dommages matériels, voire des pertes humaines autour de lui s'il n'est pas pris en charge de manière la plus rigoureuse. Or, dans le cas qui nous intéresse, les effectifs manqueraient pour cette prise en charge puisque la grande majorité des forces du Kirin Tor seraient elles-mêmes concernées par le problème et que les structures d'accueil n'ont pas été prévues pour un tel nombre de vétérans.
La cité de Dalaran, aujourd'hui flottant en Norfendre.
3. Désamorcer la bombe.
Dans le cas où le problème évoqué plus haut deviendrait aigu, aucune solution ne peut être envisagée aujourd'hui sans tenir compte des conditions du moment. Nous allons donc tenter d'émettre des possibilités préventives, visant à minorer, voire éviter le problème, qui seraient applicables au jour d'aujourd'hui.
Rappelons que les causes sont doubles : la dépendance et le grand nombre de mages qui en seraient affligés. Concernant le nombre, nous ne pouvons hélas pas y remédier, car réduire drastiquement les effectifs des mages de bataille reviendrait à désarmer le Kirin Tor, et donc à l'affaiblir. Par contre, il est envisageable de diminuer l'effet de la dépendance arcanique sur ces mages en activité.

Une solution consisterait à mettre en place un suivi précis de l'état de chaque mage de bataille, avec davantage de permissions pendant lesquelles ils seraient soumis à un encadrement qui aurait pour objectif de vérifier leur degré de dépendance et d'agir en conséquence pour le diminuer, voire, si le mage ne semble plus en mesure d'être contrôlé, de le retirer du service actif et le prendre complètement en charge jusqu'à ce que son état soit redevenu acceptable. Afin de ne pas dégarnir les fronts, il conviendrait d'établir un roulement, chaque mage retournant à l'arrière pour une prise en charge étant remplacé par un autre qui en revient.
Après quelques simples calculs préliminaires, un ratio de neuf mages sur le front pour un en réserve semble optimal, permettant une notable diminution de la dépendance à l'arcane, sans toutefois dégarnir les effectifs au combat. Suivant ce schéma, les mages de bataille opéreraient en groupe de dix, sous le commandement d'un archimage.
Bien que ce système permette d'éviter une rapide dégradation de l'état physique et mental des mages sans nuire à la qualité des troupes engagées, il faut également considérer que son application demanderait une grande souplesse dans sa mise en place, afin de pouvoir remplacer les pertes au combat dans chaque unité, compenser les problèmes de communication, ainsi tous les autres problèmes qui surviennent au cours d'un conflit à grande échelle.
Cette solution de roulement semble donc efficace, mais souffre d'une grande fragilité face aux imprévus.

En complément, il nous parait indispensable d'augmenter le nombre de mages formés au combat, afin de combler les failles du système précédent en compensant les pertes au combat rapidement et efficacement. De plus, le manque de mages sur le terrain provoqué par la coupe de dix pour cent dans les effectifs actifs serait nettement moins pesant si le nombre de mages est lui-même plus élevé. Enfin, augmenter le nombre de mages revient à augmenter l'efficacité au combat de l'armée elle-même, et donc réduire le nombre de soucis et d'aléas problématiques qu'elle rencontre, ce qui favorise le bon fonctionnement du système par roulement, une fois encore.
L'augmentation des effectifs serait donc paradoxalement une solution aux problèmes évoqués, et illustre très bien le fait que lorsque l'on commence quelque chose – ici, la politique du Kirin Tor orientée vers la guerre – autant la poursuivre jusqu'au bout et pleinement, jusqu'à ce que le besoin disparaisse et tout en s'assurant de pouvoir revenir à la situation d'origine. C'est exactement l'objectif que nous poursuivons.
Le seul inconvénient de cette solution complémentaire est son coût, compensé cependant par les économies réalisées dans le suivi grâce à la première solution.
Schéma des contresorts à appliquer dans la guérison de la dépendance à l'arcane. Archives du Kirin Tor.
4. Conclusion.
Il semble évident que de graves problèmes dûs à la dépendance des mages de bataille à l'arcane seront rencontrés par cette génération ou la suivante, qui aura peut-être la chance de connaître un retour à une paix durable sur Azeroth. Il est par conséquent nécessaire de prendre des dispositions dès aujourd'hui afin de réduire l'ampleur du problème, voire, dans l'idéal, l'éviter.
Les deux solutions proposées dans cette étude présentent l'avantage de compenser mutuellement leurs propres défauts, tout en étant d'une véritable efficacité dans la résolution du problème directement par ses causes. Ainsi, elles devraient permettre de prévenir son apparition ou, tout du moins, de réduire son ampleur de manière à ce qu'il soit possible de le gérer lorsqu'il se présentera. Bien que le temps nous manque sans doute, il serait également avisé de réfléchir à la prévention de ces problèmes, ce qui passe par une meilleure formation des mages.
Ces solutions, cependant, ne sont pas aisées à mettre en place et une véritable volonté de la part du corps dirigeant du Kirin Tor serait nécessaire.

Enfin, pour terminer, il nous faut évoquer rapidement le cas des arcanistes indépendants, tels que sorciers, démonistes, mages gangrénés et autres. Bien qu'ils ne soient pas affiliés au Kirin Tor, certains d'entre eux se sont voués à la guerre, et vont irrémédiablement souffrir du même manque. Pour les problèmes causés par ceux-ci, il semble bien que la seule solution consiste à maintenir une surveillance étroite de toutes les activités magiques déviantes et dangereuses, à mettre aux arrêts les arcanistes responsables des incidents, voire, même, à faire entrer dans le rang — de force si nécessaire — tous ces indépendants, pour le bien de la société.
***

[1]. Malygos, seigneur du Vol bleu et gardien de la magie sur Azeroth, déclara la guerre aux lanceurs de sort mortels en l'an 28. Un accord se forma entre les autres Vols draconiques et les forces mortelles venues en Norfendre, et Malygos, assiégé au sein du Nexus, fut vaincu. Toutes les notes sont de l'éditrice.
[2]. Suite à la destruction de Theramore en l'an 32 ayant entrainé la mort de Rhonin, ancien dirigeant du Kirin Tor, Jaina Portvaillant lui succéda. Peu après, suite à une enquête remettant en cause la neutralité et la loyauté des Saccages-Soleil envers Dalaran, ceux-ci furent poursuivis et chassés de la ville sur son ordre.
Enfin, Jaina Portvaillant, toujours dirigeante du Kirin Tor et poursuivant sa politique d'intervention, a participé aux combats d'Orgrimmar contre Garrosh Hurlenfer en l'an 34, en revendiquant clairement son soutien et son affiliation à l'Alliance.
[3]. Bien que le détail des traitements de la dépendance, à la fois somatiques et spirituels soient gardés secrets, il est de notoriété publique que certaines plantes inhibitrices de l'arcane peuvent se révéler très efficaces.


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