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Mémoires d'une Shen'dralar par Lumélior Ombrastre Connaissances du monde  <    Publications     > 
Mémoires d'une Shen'dralar
L'infortune d'un peuple renégat et oublié
Par Lumélior Ombrastre, magistrice d'Eldre'thalas
Préface de l'auteur.
Au sommet de sa puissance et de sa gloire, la reine Azshara — la Lumière des Lumières —, régnait sur l'empire kaldorei depuis Zin'Azshari, la capitale surplombant les vastes étendues miroitantes du Puits d'Eternité. Désireuse de conserver et d'accroître sa puissance, elle ordonna que l'on tînt secrètes les plus sombres connaissances accumulées à propos du Puits, mais aussi que l'on cherche sans relâche comment augmenter cette puissance arcanique. Afin de mener à bien ce projet, quelques-uns des plus brillants esprits furent choisis pour œuvrer dans l'ombre.
Ils prirent le nom de Shen'dralar, Ceux qui demeurent cachés.

Assoiffés de savoir, mais aussi de pouvoir, menés par l'orgueil d'appartenir à l'élite, et bien sûr par le désir d'accomplir la volonté de leur reine, les Shen'dralar abandonnèrent leurs privilèges pour aller vivre en reclus, loin de la cour. Cet exil, à la fois ordonné et accepté avec honneur, les sauva du sort funeste des Bien-nés de Zin'Azshari : la mort, une vie de satyre, de naga, ou d'âme en peine.
Les Shen'dralar ont été les gardiens du savoir millénaire des premiers Kaldorei, mais ont également accumulé des connaissances sur toute chose, vivante ou morte, d'Azeroth et d'ailleurs. Cependant, bien que leur mission fût louable et leur détermination entière, ils commirent nombre de funestes erreurs et, à l'ombre des arbres majestueux de la forêt de Féralas, précipitèrent leur propre chute.

Telle est l'histoire des Shen'dralar, peuple renégat et en partie oublié.
Telle est l'histoire qui doit être racontée, car si mon peuple a commis bien des erreurs, les gardiens du savoir et de l'histoire du monde méritent aussi d'y figurer.
Je dédie ces mémoires à mes parents, Celeryndel et Artegal.
Je vous pardonne.
A Galadarn Griffébène, car les chemins contradictoires ne sont parfois pas divergents.
Aux Shen'dralar qui sont morts, qu'ils se soient sacrifiés ou qu'ils aient été assassinés.
Anu Dorah, jamais oubliés.

I. Zin'Azshari, entre fantasme et mélancolie.
Dès ma naissance, je fus bercée par les récits de mes parents et de mes maîtres sur la grandeur et la beauté de Zin'Azshari. Rares sont les vénérables, tant chez les Kaldorei que chez les Shen'dralar, à avoir survécu à plus des douze mille années qui nous séparent de l'apogée du règne d'Azshara. Bien rares sont-ils en vérité à pouvoir, ou vouloir, témoigner de ce temps qui vit le schisme entre ceux qui se faisaient appeler Bien-nés [1] et les Enfants des étoiles [2], séparation avant tout liée aux recherches des eaux les plus profondes du Puits d'éternité.
Epoque bénie où mes ancêtres Bien-nés, sur l'ordre de notre reine et menés par le vaillant prince Tortheldrin, allèrent en Féralas pour y bâtir ce qui deviendrait la capitale d'Eldre'thalas. Au grand honneur d'avoir été choisis par la Reine, ils ne vivraient désormais qu'à travers la responsabilité qu'elle leur avait confiée. Et leur nouveau nom, Shen'dralar, sonnait comme un écho afin de ne jamais oublier leur mission.

Durant mon enfance, et alors que Zin'Azshari avait déjà sombré depuis plusieurs millénaires, mes parents, qui avaient été mages au palais éternel et bien nés parmi les Bien-nés, me murmuraient à quel point notre Reine était la plus grande des souverains kaldorei, et à quel point notre mission prévalait sur les autres. Ils vivaient avec la ferme conviction d'être supérieurs aux Enfants des étoiles, non par un quelconque titre de naissance – comme y prêtent attention de nombreux Humains – mais plutôt par la capacité à maîtriser les pouvoirs du Puits d'éternité, source intarissable de mana.
Une méritocratie par la magie, qui engendrait une société de castes. Forme de noblesse, ou d'élite, car les plus grands mages prenaient soin de s'unir entre eux, alors que les naissances étaient déjà rares.

Mes aînés vivaient donc dans une mélancolie éternelle, bien qu'Eldre'thalas fût encore loin de sa déchéance. La présence de notre Reine nous manquait cruellement, ainsi que les privilèges qu'elle avait accordés aux meilleurs de ses Bien-nés. Mais surtout, nous regrettions la pureté du Puits d'Eternité. Ceux ayant eu la chance – ou le malheur – de se plonger dans ses eaux nous en faisaient des récits enflammés, avec dans le regard une lueur inconsolable et aisément reconnaissable.
La source d'énergie magique que les Shen'dralar utilisèrent après l'implosion du Puits d'Eternité n'apparaissait que comme une source terne de mana, un mets peu goûteux, un gage de survie qui ne pouvait rivaliser avec la pureté des eaux arcaniques abreuvant jadis Zin'Azshari. Bien des années plus tard, je compris la frustration de mes aïeux en m'y confrontant moi-même. Lorsque l'unique source magique existante au cœur d'Eldre'Thalas disparut à son tour, je dus en effet puiser dans la magie arcanique ambiante et les lignes telluriques, très prisées par les races mortelles telles qu'Humains et Gnomes.
La nostalgie de Zin'Azshari jalonna l'ensemble de ma vie. Rares furent les enfants à naître au sein même d'Eldre'thalas. Ceux-ci furent choyés, couvés par la société, alors même qu'ils étaient désormais, avec la chute de notre empire, les seuls descendants réels de cette gloire passée.
Aux yeux des miens et depuis la Grande Rupture [3], les Shen'dralar n'étaient plus seulement les gardiens du savoir du Puits d'éternité et des secrets d'Azshara, mais bien les uniques successeurs dignes de porter le nom de Bien-nés, dans la lignée de notre reine déchue. En effet, la plupart des gens de mon peuple, ou ce qu'il en restait, s'étaient dispersés, ayant même tourné le dos aux étoiles pour vénérer le Soleil, astre brûlant qui se répercuta dans leur abrupte et peu subtile magie [4].
La cité d'Eldre'Thalas, de nos jours en ruine.
J'eus la chance de naître parmi les premiers enfants d'Eldre'thalas. Protégée des miens pour la pureté de mes origines, comme le reflet d'avenir ou l'ombre chérie de leur passé. Les enfants qui vinrent alors que la source magique devenait instable n'eurent pas cette chance. Ils furent parmi les premiers à être supprimés sur ordre du Prince Tortheldrin, qui, aveuglé par son propre désir de puissance et d'immortalité, les considérait comme des bouches inutiles à nourrir, tandis que la ressource s'épuisait.
J'ai moi-même voué, fut un temps, un culte à ces heures bénies pour les miens, sans remettre en question le rôle des Bien-nés tant dans les temps d'opulence, qu'ensuite, dans leur bannissement. Eloignée du monde, protégée par la jungle, muraille naturelle d'Eldre'thalas, j'aspirais moi aussi à ce retour vers ce que je n'avais pourtant pas connu, rêvant de goûter aux eaux bienfaitrices du Puits d'éternité désormais disparu, d'admirer la beauté d'une civilisation éclairée et sans pareille.
Il m'arrive encore aujourd'hui de me laisser aller à cette mélancolie, alors même que j'en connais les terribles vices. Lorsque la longue et terrible purge commença, lente mais inexorable, s'étendant sur des siècles entiers, je gage que ce sont mes traits, représentation si fidèles des expressions des Bien-nés, pâle copie de la beauté d'Azshara, Cœur chéri du peuple, qui poussèrent le Prince à m'épargner, autant que mes compétences magiques.

Le Prince finit par envoyer à la mort mes parents, tout en me gardant en vie, bien que leurs connaissances et leurs talents fussent bien plus appréciables que les miens pour la réussite de notre mission. Il m'arrive de penser que le choix du Prince de m'épargner fut motivé par un sentiment, ce rêve chimérique d'un retour au passé, et non par la seule raison.
***

[1]. Traduction du terme Quel'dorei, qui signifie littéralement "enfant de haute-Naissance".
[2]. Traduction littérale du terme kaldorei.
[3]. L'auteur fait ici référence à la Grande Fracture, fragmentation de l'ancien continent unique en plusieurs continents, dûe à l'implosion du premier Puits d'Eternité, il y a dix millénaires.
[4]. Après la Guerre des Anciens, de nombreux Kaldorei bien-nés refusèrent d'abandonner la pratique des arcanes. Ils choisirent donc de s'exiler et devinrent plus tard les Hauts-elfes et Elfes de sang. Ils se détournèrent de la croyance en Elune, lui préférant belore — le soleil en thalassien — afin de rompre avec leur ancienne culture et avec leurs semblables refusant l'utilisation de la magie arcanique.

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