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Au Pied du mur par Kalorenn Contes et légendes du monde  <    Publications     > 
Au Pied du mur

Création de Kalorenn
pour les Editions du Nénuphar le 11e mois de l'an 34.
En ce temps-là, le royaume de Gilnéas était prospère, le roi Genn Grisetête gouvernait avec clairvoyance depuis de longues années et prenait soin de son peuple.

Un beau jour, afin de rendre honneur à ses alliés, il décida d'inviter en son manoir ses illustres voisins, le seigneur Trollemort de Stromgarde, le roi Menethil II de Lordaeron, et l'amiral Portvaillant de Kul'Tiras. Il dépensa sans compter, fit venir les cuisiniers les plus réputés, les meilleurs troubadours et ordonna que l'on perçât les tonneaux les plus anciens, s'assurant que chacun était à son aise et ne manquait de rien. Quand vint la fin du repas et que les derniers serviteurs eurent débarrassé l'immense salle à manger, il se leva et demanda l'attention des convives.
— Mes amis ! Les temps sont paisibles et je voudrais profiter de cette tranquillité pour renforcer nos défenses car, vous le savez, le mal rôde toujours, au plus profond de la forêt ou par-delà les mers. Ces travaux demanderont beaucoup d'or, aussi je vous demande, en tant qu'alliés, qui me prêtera main forte ?
— Pas moi, dit le seigneur Trollemort. Mes terres sont moins fertiles que les tiennes Grisetête et je dois garder mon or en cas de famine.
— Pas moi, dit le roi Terenas. Avec les Orcs qui se sont échappés de mes camps, j'ai bien trop besoin d'or pour payer mes soldats.
— Pas moi, dit à son tour l'amiral Portvaillant. Ma flotte a été détruite durant la deuxième guerre et mon or servira à la reconstruire.
Le roi Grisetête se rassit, un peu déçu mais comprenant que ses alliés avaient des tâches bien plus importantes auxquelles consacrer leurs finances.

Quelques mois plus tard, Terenas les convia à une partie de chasse pour fêter la nomination de son fils à la Main d'Argent et ces vaillants seigneurs se rencontrèrent de nouveau.
Après avoir abattu un cerf de bonne taille et plusieurs loups sauvages, on s'arrêta au bord d'une rivière pour laisser boire les chevaux et déboucher quelques outres de vin. Le roi Grisetête en profita pour leur parler.
— Mes amis, mon chantier avance bien mais j'aurais cependant bien besoin de main d'œuvre pour accélérer les travaux. En tant qu'alliés, qui me prêtera main forte ?
— Pas moi, dit le seigneur Trollemort. Mes terres sont saccagées par les bandits et les Ogres, j'ai besoin de mes serfs pour la rebâtir.
— Pas moi, dit le roi Terenas. Les Orcs rebelles, menés par Thrall et Grommash, font des raids incessants et mon peuple souffre.
— Pas moi, dit à son tour l'amiral Portvaillant. Mes navires ne se construiront, ni ne se manœuvreront seuls. J'ai besoin de mes gens.
Grisetête, attristé, remonta à cheval en soupirant. Il était vrai que ses alliés avaient leurs propres problèmes, et il serait, sans nul doute, malvenu de leur en tenir rigueur.

Peu de temps après, tous furent convoqués au palais du roi Terenas pour assister à un sommet organisé par le Kirin Tor.
Le mystérieux mal qui frappait le peuple fut évoqué et l'on débattit de la question de mettre en quarantaine une partie des terres du Nord de Lordaeron. La discussion fut houleuse et les arguments incisifs bien que personne ne comprit réellement ce mal. L'intervention d'un prophète fou, prestement jeté dehors par la garde du palais, décida le roi Grisetête à prendre la parole.
— Mes amis, écoutez-moi, je vous en prie ! Mon chantier n'avance plus, j'ai plus que jamais besoin de matériaux. Il est de votre intérêt aussi, en tant qu'alliés, de m'aider à terminer cet édifice. Qui m'aidera ?
— Pas moi ! se fâcha le seigneur Trollemort. Ma capitale est en ruine et vous voudriez que je vous cède mes ressources ?
— Pas moi ! s'énerva le roi Terenas. Vous n'avez pas entendu ? Les Orcs et la maladie s'attaquent à mes terres, je n'ai pas de ressources à vous donner.
— Pas moi ! s'emporta enfin l'amiral Portvaillant. Je dois préparer mes propres défenses contre la Horde.
Cette fois vexé par les multiples refus, Grisetête sortit de la salle d'un pas résigné, sachant qu'une fois encore il devrait œuvrer seul.
 
Des mois plus tard, alors qu'un vent froid apportait l'hiver et l'odeur fétide des armées mortes qui marchaient sur les royaumes, l'amiral Portvaillant, le roi Terenas, et le seigneur Trollemort observaient le peuple de Gilnéas avancer en une longue file pour aller se mettre à l'abri derrière le mur gigantesque construit par le roi Grisetête.
Ils l'aperçurent tout en haut, donnant des ordres et veillant à ce que personne ne fut oublié, et le hélèrent.
— Grisetête, nos peuples sont en danger ! Laissez-nous nous abriter du Fléau derrière votre rempart. Nous sommes vos alliés !
Celui-ci, déléguant un moment la manœuvre à ses lieutenants, leur répondit.
— Alliés ? Voilà un bien étrange mot venant de vous, qui semblez depuis bien longtemps ne vous intéresser qu'à vous-mêmes ! Vous avez de l'or, de la main d'œuvre et des ressources jalousement gardées... Je suis certain que vous vous débrouillerez sans moi.
Et, sur ces derniers mots, les portes titanesques du mur se fermèrent derrière le dernier villageois gilnéen.
***