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Thé des savoirs - I Mythes et pensée  <    Publications     > 
Thé des savoirs — I
L'Ombre et la Lumière.
Transcription de la 1ère rencontre Thé des savoirs, organisée par la baronne Elohise de Saint-Augure, en son domaine, en Elwynn, le 23e jour du 6e mois de l'an 35.
Adaptation par les Editions du Nénuphar. [1]
Les soirées Thé des savoirs ont pour devise "le savoir ne s'enrichit que s'il est partagé".
D'accès libre, chacun peut donc s'y exprimer sur le thème choisi — autour d'un assortiment de thé et de mignardises — afin de partager ses connaissances, qu'elles soient d'ordre philosophique, éthique ou religieuse.
Thème
L'Ombre et la Lumière.
Liste des intervenants, par ordre alphabétique
Chancelier Khassim Al-Rakim.
Ambre, Draeneï.
Dame Martha Beauregard, archimage du Kirin Tor.
Dame Niamh Greenhall des Verdures.
Sieur Kewan Hlaalu, "Chevalier du Ruisseau".
Baron Aldorey Kelbourg.
Dame Asélryn Magtorus. Sieur Rislon Milloin, journaliste.
Dame Thenna Rocvent, mage.
Dame Ivalia Runetouch, capitaine du navire Talandra.
Dame Alexia Shane, mage.
Sieur Syrkar, médecin et démoniste.
Sœur Archipiade Valdelmar.
Préambule de la baronne Elohise de Saint-Augure.
Lorsque je faisais partie de l'équipage du Talandra, navire de transport commerçant et surtout d'exploration, chaque mois, le Capitaine Runetouch organisait une soirée, appelée "Les dessous des mondes", afin de permettre à l'équipage de réfléchir sur un thème. Chacun était libre de s'exprimer, et c'était enrichissant pour chacun d'entre nous. C'est en hommage à ces soirées — et en mon Capitaine — que j'organise ce que je nomme Thé des Savoirs, afin d'apprendre ensemble, sans distinction de classe, ni de race.
La baronne de Saint-Augure demande à dame Ivalia Runetouch, capitaine du navire Talandra d'ouvrir cette soirée culturelle.
Dame Ivalia Runetouch.
Je remercie demoiselle Elohise de Saint-Augure pour ce touchant hommage.
Je dois admettre que quand j'avais organisé une première soirée telle que celle-ci, quoiqu'avec une assistance plus réduite, et de composition différente, mon objectif premier n'était pas tant d'informer que de forcer mes proches et employés à mieux réfléchir à leur religion, ou du moins à la mienne.
Je serai donc brève sur l'introduction, en résumant ce que j'avais dit avant : je ne crois pas en un dogme ou en une vérité sur l'Ombre et la Lumière, mais en une série de questionnements, permettant à un être de mieux se comprendre. Que cette compréhension soit positive, en ce qu'il est et en ce qu'il pourrait être, que négative, en ce qu'il ne sera jamais ou a autrefois perdu. La Lumière est le guide que l'Alliance suit, et l'Ombre celui dont nos ancêtres ont évité le chemin.
Je ne me permettrai cependant aucun jugement de valeurs, et me contenterai d'espérer que cette soirée sera révélatrice pour chacun, sur soi-même ou sur son prochain.
Intervention de sœur Archipiade Valdelmar.
Je me permets de m'introduire à vous, je suis la Sœur Valdelmar, humble servante de notre Eglise, ainsi que de notre mère à tous, la Sainte. Mon propos portera donc sur la Lumière.
J'aimerais ici souligner une chose d'importance. Religion, entités, aussi bien que Croisades ne sont que des prémices de la relation unique que chacun relie à la Lumière. Il ne s'agit pas ici de voir en Elle une simple puissance. Elle est intime à chacun, ainsi qu'à votre conscience et à votre cœur.
La Lumière est une lueur qui s'efforce d'indiquer un chemin. Ce dernier est pavé par ses vertus, le Respect, la Ténacité et la Compassion. Le constat que fait mon ministère depuis maintes années à présent est le suivant : une ombre s'est étendue sur les croyances de chacun. Nos églises et lieux de cultes sont chaque jour un peu plus désertés. Les fidèles en viennent à préférer susurrer leurs doutes, leurs peurs et craintes au silence de la nuit plutôt qu'à l'oreille de leur mère, la Sainte Lumière. Aussi, si je puis vous paraître un brin candide, je vous dirais à tous ici de croire et ne point craindre, de relever votre regard, quel que soit le poids dont vos épaules sont chargées. Ne laissez pas vos âmes être étreintes par ce que vous pensez être d'ineffables doutes.
Que la Lumière vous guide, bien entendu.
Intervention de sieur Kewan Hlaalu.
Pour suivre la marque de mes prédécesseurs, je vais me présenter : je suis Kewan Hlaalu du Ruisseau... Et insérez à la suite autant de titres pompeux que vous pouvez, ils sont tous vrais ! Pêcheur, penseur, philosophe, poète à ses heures perdues...
Je dois dire qu'en tant que grand profane, j'ai beaucoup réfléchis sur ce que pouvait être la Lumière, et pour ceux dans le même cas que moi, j'aimerais vous le montrer d'une façon concrète et simple à appréhender. Pour cela, il me faudrait une volontaire... Voici donc Dame Maeleen, que tout le monde ici connaît.
Comme vous pouvez le voir, cette dame fort bien mise rayonne de beauté et de splendeur, la partageant avec nous et remplissant nos cœurs de joie. J'aime à penser que la Lumière est ainsi : une force qui, de part sa simple présence, nous rempli de bonheur, qui irradie de toute beauté.
Quant à son opposé connu, l'Ombre, je vous demanderai de regarder ma tenue... Noire, sombre et terne. Quel que soit l'éclairage que l'on projette dessus, elle l'engloutit.
Voici comment un simple pêcheur comme moi voit ces deux éléments, opposés mais complémentaires, car nul ne pourra dire que réunis ainsi, la beauté de cette dame est sublimée par ma sobriété.
Intervention du chancelier Khassim Al-Rakim.
Je suis Khassim Al-Rakim, paladin, et chancelier d'une petite bourgade de la forêt d'Elwynn.
Ayant eu le malheur d'arriver un peu en retard, j'espère ne pas faire une redite. Toutefois, un des sports de prédilection dans notre royaume étant de se rassembler pour énoncer des évidences, j'espère que cela servira au moins... A ceux qui sont arrivés en retard !
Lorsque l'on parle de Lumière — avec une majuscule — et d'Ombre — idem —, on évoque, avec chacun de ces mots, deux réalités bien distinctes. Le terme de Lumière, par exemple, peut désigner une force, un phénomène physique et objectif, mesurable et quantifiable, et aux propriétés connues. Ses effets curatifs, par exemple, sont bien documentés, ainsi que sa tendance à transformer les morts-vivants et les démons en sapin du Voile d'Hiver. Le terme de Lumière désigne aussi, de manière tout à fait différente, ce que j'appellerai, au risque de passer pour un désinvolte, un "Manuel humain d'utilisation de la Lumière."
Le Culte de la Lumière — je ne vais pas évoquer les ordres hérétiques par soucis de simplicité — a, grâce à leur expérience et à un peu de bon sens, concocté une manière efficace d'utiliser la Lumière. Les Trois Vertus sont un modèle d'efficience, par exemple. Moi qui suis législateur, je ne peux qu'approuver un code en trois articles qui couvre une vaste majorité de cas, n'entraîne quasiment jamais de paradoxe et peut être résumé en trois mots.
Mais tout aussi efficace et esthétique puisse-t-il être, il ne saurait constituer en aucun cas une vérité objective — vous trouverez peu de serviteurs de la Lumière qui l'affirment, d'ailleurs — la Lumière ne s'étant jamais exprimée directement pour donner son avis, en supposant qu'elle en aie un. Il n'est en effet pas impossible qu'elle ne soit pas sentiente, au même titre que, disons, la gravité.
Je crains cependant que nous ne puissions jamais connaître la vérité, les hypothèses métaphysiques, contrairement aux hypothèses physiques, ne pouvant être exprimées qu'à l'aide de tautologies. Voilà pourquoi les premières sont l'apanage des philosophes, et les secondes des scientifiques et des mages.
Seconde intervention de sœur Archipiade Valdelmar.
J'espère que vous saurez excuser cette dame qui se permet ainsi de prendre la parole à de multiples reprises, mais si une prêtresse ne vante pas la Sainte et ses enseignements, peu seront enclins à le faire. J'aimerais répondre à l'assertion de notre Chancelier concernant cette philosophie de la Lumière. Essayer, si je le puis d'en retracer l'origine et les grandes figures, tout en essayant de vous tenir éveillés — et c'est là où réside le véritable défi.
Les vertus ne sont en effet pas la parole de la Lumière elle-même. Il n'est par ailleurs sur cette terre personne qui pourra jamais prétendre parler de sa voix, ni ériger sa volonté en commandement alors qu'elle lui est inconnue.
Toutefois, il est des êtres qui touchent à l'exception, et dont le lien avec la Sainte Lumière est si intense, qu'ils en sont devenus ses plus grands apôtres malgré eux. A tel point que le peuple connaît davantage leurs noms que celui de la Lumière même. Je pense à notre bon archevêque Alonsus Faol, à Uther, et dans une moindre portée afin ne pas indisposer certaines âmes à Mograine lui-même ou Fordring. Je ne débattrai pas de la probité de chacun de ces hommes.
J'avancerais toutefois qu'à leur manière, ils ont tous incarné un idéal que notre Eglise propose avec humilité comme les enseignements de la Sainte. Des enseignements ancestraux, qui régissent notre société de manière passive. Des forces qui nous ont permis d'affronter les plus grands maux, et ce, sans ciller. Des vertus qui nous ont offerts l'espoir, et une infime parcelle de la vérité qui domine ce monde.
Les humains plus que tous les autres peuples de l'Alliance, sont des enfants. Maladroits, bravaches, tendres et innocents, pour la plupart j'entends évidemment. Ces Vertus ont toujours eu la vocation à les élever, comme notre Eglise, à donner un moyen à chacun d'appréhender cet univers sous un prisme simple, celui de la bonté et de l'altruisme. C'est un docte qui appelle à faire le plus beau don qui soit celui de soi.
Mais je m'égare et aimerais à ce titre poser une question à cette assemblée. L'ombre, à l'image de la nuit, ne saurait souffrir la présence de Lumière. Pourtant, même notre Cathédrale, aussi pure soit-elle, en projette une. Grande et ample alors que le soleil touche son zénith.
Comme le veut l'expression populaire, il n'est après tout pas d'ombre sans lumière. Aussi, je vous demanderai, sires et dames, de réfléchir à la chose et à vos propres ténèbres, pour mieux comprendre encore comment chacun agit et dicte sa raison, son être et son comportement.
Intervention de dame Thenna Rocvent.
En tant que mage, je vais proposer une vision surement plus pragmatique de la Lumière puisque pour moi, il s'agit d'une magie un peu comme les autres.
On a vu les Sindoreï la voler et la redistribuer à qui ils voulaient... Et les Naaru l'offrir. A la différence de la magie druidique qu'on pioche dans tout ce qui vit, ou des arcanes qu'on peut trouver dans les lignes telluriques, on a eu plus de difficultés à établir l'origine de la Lumière. Et de l'Ombre, forcément. En fait quand on regarde les flux incantatoires, c'est très très simple !
Moi, si je veux lancer une boule de feu, il faudrait que je remue les doigts en prononçant des vieux mots de pouvoir, et si j'étais paladin, alors, aussi vertueuse que je sois — et ce n'est pas le cas — il faudrait que je sois extrêmement persuadée que ma boule de feu fera du bien au monde qui m'entoure ! Ceci dit, je suis toujours extrêmement persuadée que mes boules de feu vont changer le monde en bien. Pourtant, j'ai essayé d'en lancer sans remuer les doigts et ça ne marche pas très bien.
Pour ce qui est de l'Ombre par contre, c'est l'inverse : il faudrait que je sois intimement persuadée que la boule de feu que je vais lancer fera du mal au monde qui m'entoure. Bon, la plupart du temps, c'est ce qui arrive...
Tout ça pour dire que la Lumière et l'Ombre, se sont des magies comme les autres, mais qui naissent, je crois bien, de la concordance entre les actes d'un individu et ses convictions profondes.
La petite ici présente [2] a donc bien raison quand elle dit que la Lumière est en chacun de nous !
Ceci dit, la Lumière n'est à mon sens pas une magie comme les autres, car l'expression "une magie comme les autres" ne veut rien dire.
Intervention du baron Aldorey Kelbourg.
Je vais, contrairement à la plupart des participants de ce soir, m'attarder sur une autre force que celle qu'est la Lumière. Je vais me focaliser sur l'Ombre elle-même, notamment afin de retirer quelques inexacts a priori de vos bouches. Je vais donc commencer en reprenant les mots justes d'Al-Rakim, à savoir que la Lumière est une force physique, naturelle, intrinsèque à notre Univers. Car nous parlerons bien d'univers à ce propos. La Lumière est la force qui influe sur cet univers, et donc influe sur notre personne. C'est une force qui provient de cet univers et qui agit sur ce dernier, et donc sur nous — je me répète. La Lumière influence les autres.
Ceci dit, passons donc à l'Ombre.
L'Ombre n'est pas l'opposé physique de la Lumière. Cet opposé physique est le Vide. Nous n'en parlerons pas. L'Ombre est l'opposé conceptuel ou, pour ainsi dire, une alternative à la Lumière, un inverse. L'Ombre est un inverse, c'est-à-dire que son principe est le même que celui de la Lumière, à savoir la manipulation de l'Univers, mais ce qui dissocie ces deux formes-là de force, c'est leur façon d'être, d'exister. Il est une personne qui a su traiter correctement de la notion d'Ombre, et cette personne est Nathalie Seline. Je ne m'attarderais pas sur cette personne, mais sur sa pensée.
Nathalie Seline met en évidence que la Lumière, c'est considérer que l'univers agit sur nous, et que l'Ombre, c'est agir sur l'univers. C'est ce que les Réprouvés nomment l'humanisme divin et c'est l'origine de leur indépendance. C'est concentrer sa volonté, sa force d'agir sur soi, c'est penser à soi. C'est une pensée égocentrique qui vise à vouloir changer les choses pour soi, et non pour autrui.
Là où la Lumière soigne, répare et aide notre prochain, l'Ombre, elle, ne favorise que notre propre personne. Nous n'utilisons plus cette force pour réparer les fautes, ou construire l'avenir des siens, mais nous la dérobons pour nos propres desseins.
C'est ainsi que les Réprouvés se séparèrent du Roi Liche, en concentrant cette énergie pour se défaire des autres, et n'être qu'eux-mêmes. Ainsi devinrent-ils indépendants et vouèrent-ils un culte à cette pensée-là, que l'on nomme l'Ombre Oubliée, le but ultime de ce culte du Soi étant la modification à notre imagine de l'Univers, en le truquant, lui et à sa nature, ses fatalités, en le modelant. Cet humanisme divin-là, donc, cherche dans l'absolu ce que tout égo cherche instinctivement : l'immortalité, l'invincibilité, la survie... C'est ce que l'on nomme l'Ascension.
Evidemment, c'est une théorie, et je doute personnellement qu'elle fût validée, mais les Réprouvés y vouent leur vie, et leur spiritualité est dédiée à cette pensée. Une pensée aux antipodes de celle représentée par les Paladins, qui elle cherche la vie par l'autre, pour les autres. Ce n'est donc qu'une question d'orientation, cette Ombre, cette Lumière. Un référentiel.
Puisons-nous dans cet univers, ou le laissons-nous agir sur nos personnes ?
Intervention de dame Asélryn Magtorus.
J'ai beaucoup entendu, depuis mon arrivée, les gens évoquer l'Ombre et la Lumière comme des opposés, deux faces d'une même pièce, qui se complètent, ne peuvent pas exister sans l'autre, mais néanmoins se repoussent. Et je me suis demandée si personne n'envisageait qu'il s'agisse de deux choses totalement différentes, qui ne partagent même pas ce lien de contraires absolus.
Prenons les choses à la base, la Lumière a tendance à nous rassurer, elle véhicule des émotions positives et puis... On la connaît.
En revanche, l'Ombre, on la redoute. Pourquoi ? Certainement par crainte de l'inconnu, on a tous eu peur étant enfants de ce qui pouvait se cacher hors de notre vue, dans les ténèbres. Maintenant voyons les choses d'un point de vue plus rationnel. Je vais risquer d'offusquer, mais je vais développer. En vérité, on en sait davantage sur l'Ombre que sur la Lumière.
On pense connaître la Lumière, mais on ne connaît que des manifestations qui se ressemblent lorsqu'un élu vient à l'invoquer. Elle sera en mesure de soulager les vertueux et brûler les moins vertueux. L'essentiel de notre connaissance de la Lumière vient de ce que l'on a appris dans les chapelles, des enseignements différents pour les Humains, les Draeneï, ou d'autres.
L'Ombre, en revanche, on a pu l'observer sous des formes bien plus variées : sous forme de magie noire pure, dans la magie démoniaque, ou même en l'absence de magie. Les théories sont très nombreuses, beaucoup parlent d'un plan de l'Ombre et les esprits scientifiques ont tôt fait de s'affoler sur le sujet.
On aurait déjà approché ce plan, mais qu'en est-il de nos connaissances d'un éventuel plan de la Lumière, qui devrait exister s'il s'agit d'opposés ? Il y a une grosse dose d'inconnu dans la Lumière, et pourtant, elle nous rassure. Rappelez-moi pourquoi nous craignons les Ombres ? Par crainte de l'inconnu.
Nous sommes faits d'émotions positives et négatives, l'une comme l'autre peut appeler la Lumière et les Ombres. L'une comme l'autre est naturelle. L'Ombre a trop de formes pour être si simplement résumée, mais elle n'apporte pas des méfaits à la même mesure que la Lumière apporte des bienfaits.
L'Ombre a en commun avec la Lumière qu'on ne saurait parler en son nom.
Intervention de sieur Rislon Milloin.
J'ai entendu beaucoup d'opinions et de faits sur l'Ombre et la Lumière ce soir.
En effet, le concept de Lumière et d'Ombre peut paraître flou ; ce qui est paradoxal du fait que nous avons pu voir des manifestations de ces deux dernières, et que prêtres ou démonistes les manient. J'aimerais revenir sur l'Ombre et la Lumière, mais d'un point de vue chronologique.
Depuis quand la Lumière est-elle maniée sur Azeroth ? Et depuis quand l'Ombre est-elle maniée sur Azeroth ? Si les Draeneï ont montré que la Lumière est un concept universel, qui ne touche pas seulement Azeroth, comme c'est le cas pour l'Ombre, la Lumière a été maniée seulement par les Humains que je sache, dans le plus lointain passé, en Azeroth du moins.
Mais ce n'est pas le cas de l'Ombre et, à ceux qui pensent que la Lumière et l'Ombre ne sont qu'une énergie particulière comme d'autres, la magie arcanique tire son pouvoir des lignes telluriques et les chamans des éléments. Sans cela, leur magie s'évapore. Mais la Lumière et l'Ombre sont les deux seules énergies qui se trouvent n'importe où.
J'entends grogner, et j'avoue que je ne suis qu'un Humain sans aucune forme de magie qui soit. Il n'empêche que les faits parlent d'eux-mêmes, et tous sont d'accord pour dire que la magie arcanique dépend des lignes telluriques, et le chamanisme des éléments, mais la Lumière et l'Ombre n'ont pas de sources inaliénables.
Intervention de dame Niamh Greenhall des Verdures.
Démonstration. [à ce moment, dame Niamh Greenhall s'avance en désignant son ombre portée par l'éclairage de la salle]
Voici une ombre. Elle n'est pas mauvaise, elle n'est pas corrompue, et elle a même ses bienfaits, puisqu'au soleil de midi en plein été, elle nous permet de ne pas finir en rôti... Et ceci est pourtant une "ombre".
Aussi, il me semble que mélanger l'Ombre de nos amis spécialisés en psychisme, celle de nos plus ou moins amis spécialisés en magie, et celle qu'utilise nos furtifs, c'est un peu réducteur.
Et cela met à mal toutes les belles théories entendues jusque-là, puisqu'aucune distinction ou presque n'a été faite dans la plupart de vos exposés, aussi intéressants soient ils.
Nous avons cependant eu une nuance quelque part — navrée si je perds l'auteur au milieu des interventions — que l'ombre n'est pas le vide.
Aussi, serait-il bien de préciser, pour la suite, de quoi exactement il est question.
Intervention de dame Martha Beauregard.
Je vais me permettre de revenir sur quelques petits propos qui m'ont gênée.
Je ne vous parlerai pas de la Lumière, cela reviendrait de demander à un Draeneï un exposé sur les Titans. Seulement, l'ombre désigne plusieurs matières, comme tentait de l'exprimer dame Niamh Greenhall. Aussi, le démoniste, comme en parlait sieur Rislon Milloin, puisse l'ombre du Vide lui même, appelée le Néant. Notons ici, qu'il s'agit d'une arcane corrompue, en terme d'essence.
Il en est de même des arts que manipulent les nécromanciens, une arcane corrompue, courbant la vie, ainsi que la mort, par définition, à sa simple volonté.
Là où des thèses s'opposent aux propos de dame Niamh Greenhall, c'est que les ombres que manipulent les prêtres noirs et les rôdeurs seraient issues du même monde. Or, ces derniers conservant précieusement leurs secrets à l'égard des instituts de recherche, et il est difficile de le démontrer avec efficacité.
Dame Asélryn Magtorus parlait tout à l'heure d'un "plan de l'Ombre"... Il existerait en effet un plan que les rôdeurs utilisent pour se camoufler, un plan dimensionnel fait de ténèbres et de créatures aussi hideuses que puissantes. Aussi, et pour ce qui concerne les prêtres noirs, il s'agirait, comme la Lumière, de manifestation d'émotions négatives, pour les théologiens opposés à cette thèse-ci.
Outre vous expliquer brièvement ces différentes thèses, je tenais à ce que nous soyons d'accord sur l'Ombre dont il s'agit ce soir afin de ne pas se perdre dans les méandres de celle-ci.
Intervention d'Ambre.
Comme il a été dit précédemment, personne sur ce monde n'est capable de toucher la Lumière.
Nous, Draeneï, nous le pouvons, grâce aux Naaru, les guides qui nous accompagnent depuis la chute de notre monde natal. Bien que leur nature profonde ne nous ait pas été entièrement révélée, nos sages parmi les sages pensent qu'ils sont une incarnation de la Lumière elle-même. La question que certains de nos érudits se posent alors, c'est la raison de cette incarnation. D'autres répondent en imaginant que cette Puissance supérieure s'incarnerait dans les êtres qui l'acceptent pour sentir le monde, pour le ressentir au travers de nos émotions, de nos choix, de nos peurs et de nos joies. Enfin, les plus religieux de nos sages considèrent la Lumière comme un chemin qui mène droit à nos cœurs, bien que ce ne soit pas le seul et que certains pensent qu'on n'a que le cœur qu'on mérite.
Je n'ai pas l'érudition nécessaire pour apporter une réponse ce soir, mais ce que tous chez nous savent par contre, c'est que la Lumière ne peut être contenue dans trois mots, ni même dans cent... Ni même dans quelques enseignements, aussi sages soient-ils.
Troisième intervention de sœur Archipiade Valdelmar.
Je ne puis qu'agréer aux propos de dame Bauregard. Nous avons en effet privilégié une approche très philosophique de l'Ombre dans un premier temps. Peut-être à tort en la comparant à celle qui abrite nos cœurs, et que chacun projette. J'aimerais donc en revenir au débat plus tôt évoqué, et sur l'inconnu qui tient à l'Ombre, en revenant à ses manifestations.
J'aimerais pour cela vous relater les écrits et chroniques d'un prophète — bien que je ne goûte pas trop à la divination moi-même. Je parle ici de Medivh, un personnage nimbé de mystère, dont les paroles échappent encore au sens commun, tant il a soulevé d'interrogations. Sa prophétie fut simple et adressée aux peuples des hommes, en Lordaeron : l'Ombre arrive. Il faisait ici référence à un des plus grands maux que ce monde ait jamais connu, comme tant d'autres : la Légion.
Nous sommes, il est vrai, toujours très ignorants aux sujets des grandes forces et des volontés qui se plaisent à détruire tout ce qui vit. Cela étant dit, je ne crois pas que l'Ombre soit une inconnue pour autant. Jugeons donc de ses différentes manifestations : la gangremagie, un fiel qui corrompt l'âme et le corps, puisant la force vitale, l'antipode de la vie elle-même, donnant à votre chair l'apparence du charbon, avant de nous réduire en cendres.
Parlons du Crépuscule, des Très anciens... Un sujet dont je ne me prétends pas experte, tant il est neuf au sein de nos chambres et assemblées. Y a-t-il chose plus viciée en ce bas monde ?
Parlons du Fléau, de la nécromancie, de l'art sombre de relever les morts en attachant leurs âmes à des carcasses... Une magie interdite, bannie et responsable de la chute d'un royaume entier.
L'Ombre vous est-elle inconnue ? Nous est-elle inconnue vraiment ? En rien ! Se plonger dans son étude, c'est la cautionner.
Certains aimeront à dire que leur moyen d'éradiquer un mal est d'en faire une arme. Je ne suis pas d'accord. Ne voyez pas ici un raisonnement simpliste et manichéen, mais rien de bon ne peut sortir de quelques manières que ce soit de la recherche de l'Ombre, et ce, sous toutes ces formes. Notre peuple, notre histoire est pavée d'expériences qui démontrent que l'Ombre n'a jamais porté le bien, que la seule connaissance que nous n'ayons jamais eu d'elle est un mal, une terreur, une peur qui a terrassé des plus braves que moi. Aussi, ne restons pas d'impavides témoins face à cela, ne choisissons pas cette curiosité malsaine. Nous avons déjà assez brûlé nos mains en jouant avec cette flamme. L'Ombre sous toutes ces formes, doit être proscrite. Elle est contraire même à la vie.
Seconde intervention de dame Asélryn Magtorus.
Je pense que nous, simples mortels, et non des créatures comme les Naaru dans un sens, ou les démons dans un autre, ne sommes pas faits pour les extrêmes, et que nous sommes simplement plus tolérants à la Lumière.
L'excès d'Ombre mène en effet aux désastres qui viennent d'être cités, mais l'excès de Lumière a aussi fait ses preuves dans le mal.
Je ne citerai pas que la Croisade Ecarlate. Très souvent, des actes fondés sur de nobles intentions ont mené à des désastres... Un prince s'est damné en voulant le bien de son peuple, et il est loin d'être le seul à en avoir pâti. L'interprétation que nous avons fait de la Lumière nous a parfois détourné du droit chemin, mais moins souvent que l'Ombre, reconnaissons-le.
L'Ombre a déjà sauvé des vies, peut-être là aussi à une échelle moindre, mais croyez bien que les conséquences positives ou négatives n'ont rien à voir avec la nature de l'Ombre et de la Lumière.
J'en déduis juste que nous sommes plus tolérants à la Lumière, et que l'on atteint l'excès moins facilement qu'avec l'Ombre.
Intervention de dame Alexia Shane.
Etonnamment, j'ai beaucoup plus appris dans cette soirée que des années durant dans les bibliothèques de Dalaran. Soyez-en flattés.
Pour ma part, je vais éviter d'ergoter et creuser les parcelles d'ombre de mon avis. Je pense que l'Ombre est mal absolu, et croyez-moi, je ne cache aucun chapelet dans mon décolleté. L'Ombre, pour enchaîner avec ce qu'a dit sœur Valdelmar, est la Légion Ardente selon Medhiv, et même, selon moi, les Dieux Très Anciens.
Du haut de mes dix-neuf ans, pour être franche, si effectivement je devais citer une possible source ou entité d'où pourrait provenir l'énergie ombreuse, ce serait ces fameux êtres tentaculaires, mais passons. Là où la Lumière n'est qu'un fait, une entité salvatrice et que, a fortiori, le Vide en est de même, l'Ombre est un mal qu'il ne faut pas négliger ; maîtriser l'ombre, c'est maîtriser la magie des sombres-clercs, c'est s'asservir de facto aux Dieux Très Anciens et c'est se complaire dans une marginalité qui ne siéra jamais à l'humanité. Voilà.
Et j'aimerais m'excuser, je sais que mon avis est aussi creux qu'un dos d'âne en plein sentier battu, mais j'estime assez superficiel de débattre sur des choses qui nous dépassent.
Intervention de sieur Syrkar.
Certains me connaissent mais, pour résumer, je suis médecin et j'ai un temps dirigé l'Ordre des Hospitaliers. Je pense avoir sauvé de nombreuses vies, sans distinction de race, d'origine sociale, ou aucune discrimination quelle qu'elle soit, mais pourtant, comme le sait déjà ce brave Khassim Al-Rakim, je suis ce que vous appelez communément un "démoniste". Je ne prétends pas être un être fait de pureté, et je connais la corruption que je porte en moi, cependant...
Est-ce que je sacrifie des vierges dans ma cave pour servir un seigneur démon ou un dieu très anciens ? Pas aux dernières nouvelles, je laisse cela aux apprentis et aux novices. Je voue le temps qu'il me reste à sauver des vies plutôt qu'à corrompre et détruire.
Je ne cherche pas à acheter un droit quelconque à la rédemption, mais j'ai des connaissances que je mets en application. Je reste néanmoins implacable avec ceux qui cherchent à attenter à ma vie ou à celle de ceux qui me sont chers, car je ne suis pas dénué d'émotions ou de sentiments "positifs".
Mis à part un superbe le bien, c'est bien, le mal c'est mal, alors faites le bien, je pense que le débat de ce soir a surtout permis de mettre en évidence les capacités d'orateurs et d'oratrices de tout un chacun, sans réellement faire avancer quoi que ce soit, car tout ceci nous dépasse tous.

Au vu de l'heure tardive, la baronne déclare la soirée close, saluant une dernière fois les intervenants et le public.
Postface de la baronne de Saint-Augure.
Je remercie tous les présents ce soir-là, intervenants comme ceux qui les ont écoutés, ceux qui ont pris le temps de lire ce compte-rendu, dame Ambre pour avoir enregistré la soirée et dame Ione Densilla pour la publication de ce compte-rendu.
De ces interventions, on peut retenir qu'il n'existe pas une vérité absolue sur la Lumière et l'Ombre, mais plusieurs visions différentes, propre à chaque personne. J'espère que les points de vue exposés ici vous permettront de vous forger, conforter ou préciser le vôtre.

En espérant vous voir ou vous revoir lors du prochain Thé des Savoirs.

Elohise de Saint-Augure.
[1]. La transcription a été effectuée d'après un enregistrement de la soirée sur cristal draeneï. Les Editions du Nénuphar prient le lecteur de bien vouloir excuser les inexactitudes ou les fautes qui auraient pu intervenir lors de cette transcription. Nous avons tenté de restituer le style oratoire propre à chaque intervenant, malgré les inévitables modifications qu'entraine le passage d'une intervention orale à un texte écrit. Par ailleurs, les bruits de fond, du service, ou encore les commentaires du public ont pu altérer l'enregistrement.

[2]. La "petite ici présente" fait référence à la personne de sœur Archipiade Valdelmar. Cette personne n'ayant pas particulièrement une petite taille, il faut comprendre ici ce diminutif comme une expression davantage conviviale qu'irrespectueuse.
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