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L'Origine des Anciens par Tymotheus Griech Rocvent Mythes et pensée  <    Publications     > 
L'origine des Anciens
Tymotheus Griech Rocvent
Complétant magistralement son cycle des Anciens en poésie, publié aux Editions, l'auteur nous propose dans cette étude extrêmement bien documentée de surprenantes hypothèses, qui n'engagent bien évidemment que sa responsabilité, et qui traite de l'origine des Anciens, mais aussi du destin des Titans.
Introduction.
Les Anciens sont des créatures divines ou semi-divines représentant un aspect de la nature — ou Nature Sauvage comme l'appellent les dryades et les druides — ou, plus simplement, d'Azeroth.
Révérés par les taurens et les elfes, qui tirent d'eux leurs enseignements druidiques, et par les trolls en tant que Loas, les Anciens sont aussi les divinités tutélaires, sinon génitrices, de peuples comme les hurans, les furbolgs et, supposément, les gnolls.
Ces êtres revêtent le plus souvent la forme d'animaux, mais on peut remarquer l'existence de créatures aux apparences hybrides, telles que Cénarius et Aviana, voire abstraites, comme Aessina. Ils existent à la fois dans le monde matériel et dans le Rêve d'Émeraude [1], qu'ils rejoignent à leur mort, pour en sortir ressuscités lorsque la barrière entre les plans se trouvent affaiblie. Un événement semblable a par exemple eu lieu durant le Cataclysme, au cours de la défense du Mont Hyjal.
Bien qu'ils en soient proches par leur aspect naturel et leur lien avec le Rêve, les Anciens ne doivent pas être confondus avec les anciens, ces grands arbres qui prennent vie pour faire bénéficier leurs alliés de leurs connaissances magiques ou martiales.
Un Ancien est un maître de son domaine, mais aussi un gardien. Jusqu'à la Guerre des Anciens [2], durant laquelle leur nombre fut considérablement réduit, ils étaient aussi nombreux et différents que la faune et la flore d'Azeroth, ce qui explique pourquoi ils étaient tout aussi difficiles à concilier.
Cet écrit cherche à établir l'origine des Anciens, en reliant les diverses légendes gravitant autour d'eux. En effet, les empreintes qu'ils ont pu laisser auprès des différentes races d'Azeroth sont autant d'indices pour comprendre leur nature divine, leur raison d'être et la mission dont ils ont été investis. Enfin, comme c'est généralement le cas pour chaque part de l'Histoire, l'étude de celle de ces créatures puissantes peut nous amener à une meilleure compréhension de notre présent, mais aussi de notre futur.
Trolls et Loas.
Depuis une époque plus ancienne encore que le passage des Titans, les trolls vénèrent des créatures qu'ils appelaient Loas. Gorgées du sang des sacrifiés et du mojo de leurs fidèles, elles protégeaient les peuples sous leur joug en échange de cet apport constant en puissance et d'autres offrandes. Au vu de la nature cruelle et avide des trolls, on peut supposer que les Loas étaient des créatures du même acabit : sauvages, cupides et violentes. Le dieu sanglant Hakkar reste l'exemple le plus connu parmi ces esprits. On peut néanmoins noter quelques Loas plus sages et moins hostiles, comme la léopard des neiges Har'koa, captive de ses fidèles, et le raptor Gonk, qui introduisit les trolls Sombrelance au druidisme.

Ces dernières années, le rapport de force entre les trolls et les Loas s'est inversé, et les fidèles ont sacrifié plusieurs de leurs dieux. Cette pratique trouve son inspiration dans les rituels Gurubashi qui permettaient à un Loa d'offrir une partie de son essence — son mojo — à son plus puissant et fidèle adorateur. Les rites furent ensuite repris et altérés par les Amanis afin de donner ces combattants hybrides fantasques, à moitié trolls et à moitié animaux qui furent croisés à Zul'Aman, et dont l'apparence parfois drôle et leur caractère imprévisible en faisaient de redoutables combattants.
Enfin, les Drakkaris poussèrent cette pratique à l'extrême en sacrifiant leurs dieux pour obtenir leur mojo, sans restriction. Le mojo d'un Loa permet à celui qui le consomme d'utiliser l'aspect et le pouvoir de la créature sacrifiée, un pouvoir semblable à celui des druides, mais à la puissance décuplée. Il est cependant difficile de savoir si cette assimilation est définitive, ou si le flot de puissance divine se tarit, car aucun troll n'a survécu très longtemps après avoir consommé le mojo d'un Loa.

Les trolls étant les premiers à vénérer des esprits animaux et à les abreuver de puissance, on peut penser que l'origine des Anciens prend racine dans ces cultes sacrificiels. Il est cependant avéré que les Titans n'approuvaient pas des pratiques telles que le sacrifice ou le cannibalisme [3][4], qui font pourtant partie des fondements de la culture trolle. Il est alors étonnant qu'ils aient laissé cette race survivre à leur passage, et plus encore leurs sombres idoles.
On ne peut ainsi que spéculer sur la raison qui a poussé les Titans à épargner ces peuples barbares. Les Loas défendirent-ils farouchement leurs peuples ? L'apparition des elfes aurait-elle pu avoir été orchestrée par les Titans, dans le but de remplacer la sauvagerie des trolls par un civilisation plus raffinée ? Auraient-ils créé des puissantes créatures pour contrer les Loas des trolls ? Dans ce cas, les Anciens ne seraient alors que la réponse des Titans aux Loas.

Cependant, une autre question se pose. Si les Loas sont antérieurs à la venue des Titans, d'où leur vient leur lien avec le Rêve d'Émeraude ? Pourquoi peuvent-ils exister dans cette dimension, pourtant créée après leur naissance ? Il est possible que leur lien profond avec la Nature explique cette aptitude. Ou peut-être était-ce dans l'intention des Titans de les imprégner de cette énergie bienfaitrice, en opposition à celle dont les nourrissaient les trolls.
Entrée d'un temple troll dans la jungle de Strangleronce.
Taurens et Grande Chasse.
Les taurens, que l'on suppose apparus avec les Titans, si ce n'est avant, sont réputés pour être des créatures à l'écoute des esprits et de la Nature, mais aussi de grands chasseurs. En effet, la chasse, qu'ils nomment très sobrement la Grande Chasse, est une part essentielle de leur culture. La transmission du savoir étant principalement orale chez les taurens, il est difficile d'apréhender avec précision cette culture. Néanmoins, nous connaissons relativement bien de la cosmogonie taurène, et plus particulièrement le mythe de la naissance de Cénarius, enfant d'Elune.

La légende nous dit :
Dans le cœur brave de ses enfants purs, la Terre-mère plaça l'amour de la chasse.
Car les créatures de la première aube étaient sauvages et pleines de fureur. [5]

Si ces créatures pourraient être de simples bêtes sauvages, le mythe nous dit ensuite :
Un des grands esprits leur échappa cependant.
Apa'ro [6], était un fier cerf à la fourrure blanche comme neige.

Bien qu'il soit difficile d'envisager qu'un cerf puisse être une créature sauvage et pleine de fureur, l'appellation "grand esprit" nous rappelle les Loas. Il est ainsi possible que les taurens se soient trouvés confrontés plusieurs fois aux divinités protectrices des trolls. Les taurens apprécient de chasser des bêtes puissantes, afin de prouver leur valeur, mais aussi de préserver l'équilibre naturel, en accord avec la mission dont les a investit la Terre-mère. En effet, il arrivait — et encore parfois de nos jours — qu'un animal bien plus puissant que ses semblables voit le jour et, de par sa force démesurée, ne mette en péril son habitat et ses environs. Les taurens, en accord avec la tradition de la Grande Chasse, peuvent ainsi être perçus comme un moyen de réguler la population de ces êtres formidables, susceptibles de ravager leur environnement.
Malorne était précisément considéré comme l'une de ces créatures néfastes, jusqu'à ce que "ses grands bois furent pris dans l'écheveau des étoiles." C'est ainsi qu'Elune le trouva, en fut éprise, et lui accorda sa grâce ainsi qu'un fils, Cénarius. A partir de ce moment, Malorne rejoignit les autres divinités de la Nature, et les taurens n'en parlent plus comme d'une proie. Ainsi donc, grâce à l'intervention d'Elune, celui qui était considéré comme un grand esprit devient un Ancien.
Totem tauren veillant depuis les contreforts de Mulgore.
La Grâce d'Elune et le rôle des Titans.
Ainsi, si les taurens cherchent à éliminer les bêtes susceptibles de rompre l'équilibre naturel, Elune est celle qui a le pouvoir de les remettre dans le droit chemin et de les rendre plus puissants encore. On sait par ailleurs que, bien qu'elle reconnût le cœur noble du dieu loup Goldrinn, la déesse n'acceptait pas sa fureur sanguinaire, et le "regard accusateur" qu'elle lui portait le rendait encore plus furieux. Goldrinn compte néanmoins, au même titre que Malorne, parmi les divinités ayant échappé à la Grande Chasse.
Une autre divinité ayant bénéficié de la bonne grâce d'Elune est Aviana. D'après la légende, Aviana était à l'origine un simple corbeau auquel Elune confiait les messages à destination de son fils. L'oiseau remplissait si parfaitement son devoir qu'il devint le messager de bon nombre des grands esprits d'Azeroth, gagnant ainsi en puissance. Un jour, Aviana prit enfin la forme sous laquelle elle est aujourd'hui connue.

Cette légende nécessite toutefois quelques explications, ou réserves. Il est dit en effet qu'Aviana disposait d'un lien avec G'hanir, l'arbre d'Azeroth qui enfanta tous les arbres. Cet arbre mythique, à l'inverse de ses enfants, existait exclusivement dans le Rêve d'Émeraude. Il est donc presque assuré qu'il y fut planté par les Titans, lors de leur venue sur Azeroth. Il est dit ensuite que le lien entre l'arbre et Aviana était si fort que, lorsque la déesse des oiseaux mourut, l'arbre dépérit avec elle. Si donc G'hanir fut posé en ce monde par les Faiseurs, il est tout aussi raisonnable de penser qu'Aviana fut créée par la même occasion, héritant ainsi du domaine pour ses sujets aviaires.
De mon avis personnel, les Titans avaient bien plus besoin d'un messager qu'Elune. Il m'apparaît donc qu'Aviana était, à ses débuts tout du moins, leur messager avant d'être celui des grands esprits d'Azeroth. On connaît par ailleurs la capacité des Titans à conférer de grands pouvoirs à des êtres élus, puisque c'est grâce à eux que plusieurs espèces de protodrakes devinrent les dragons que nous connaissons.
Statue de Goldrinn sur le mont Hyjal.
Les Anciens, entre esprits et corps.
Une des clés pour comprendre l'origine des Anciens seraient de comprendre leur nature profonde, la manière dont ils existent. Malheureusement, il s'agit là d'un mystère plus épais encore. Les légendes trolles et taurènes évoquent les Anciens comme de puissants esprits de bêtes. Pourtant, ces esprits disposent d'un corps, d'une enveloppe charnelle, qui peut être entravé et abattu, seule restant alors l'âme qui rejoint le Rêve. Mais, dans ce cas, quand ce cycle a-t-il commencé ? D'où viennent ces esprits animaux en premier lieu ?
Les Loas existant avant le Rêve d'Emeraude, il est plus plausible que les Anciens trouvent leur origine dans le monde des Esprits, celui où reposent la plupart des êtres défunts. Malorne avait-il un corps lorsque les taurens le traquaient, où est-ce l'absence d'enveloppe charnelle qui lui permit d'échapper à ses chasseurs ? Goldrinn, quant à lui, était bien un prédateur dont les assauts avaient des effets réels — et condamnés par Elune — sur le monde.
On pourrait donc définir un avatar comme étant un fragment d'esprit s'incarnant, obtenant ainsi dans notre monde une existence propre et séparée de l'esprit original. Cette définition présente l'avantage de concilier les natures spirituelles et matérielles des Anciens, mais soulève une autre question : avatar de quoi, du fragment d'un esprit resté dans le monde des défunts et dont le corps a disparu depuis des siècles ?
Récemment, des rumeurs font état du retour de l'esprit d'Aggamaggan. Son corps, duquel s'extirpèrent les hurans, est resté des millénaires durant sur le lieu de sa chute. On sait par ailleurs, grâce à Aegwynn, que le corps d'un avatar peut persister malgré les mutilations et malgré la séparation de son esprit. Ainsi donc, Aggamaggan pourrait-il être un avatar ayant connu ce sort ? Mais alors, si l'esprit de son avatar a pu revenir récemment, pourquoi pas son esprit entier et original ? Et si tous les Anciens sont des avatars, pourquoi le dieu-sanglier serait-il le seul à réapparaître de cette façon morcelée ? Il me semble que, si cette créature aux gigantesques proportions, et dont la mort fut la genèse d'un peuple entier, n'était que le fragment d'un esprit défunt, alors la puissance réelle des Anciens serait tout à fait sous-estimée.

Le Dieu Sanglant Hakkar, quant à lui, avait un avatar, un squelette animé par sa propre volonté, mais aussi une forme physique. Si l'on suit la logique présentée ci-dessus, Hakkar aurait dû être, soit une puissance bien supérieure à celle des Anciens connus, soit un avatar ayant lui-même produit un avatar. L'hypothèse des Anciens avatars m'apparaît comme peu vraisemblable, mais, néanmoins, cette ambiguïté sur leur nature de grands esprits et d'êtres pourtant matériels reste entière. D'un côté, les Anciens pourraient être des âmes animales revenues du monde des Esprits, passées dans le plan matériel puis dans le Rêve où elles connaissent leur cycle de résurrection. D'un autre côté, il pourrait s'agir d'animaux bien vivants, dont la puissance a permis à leur esprit de transcender les limites de leurs corps. C'est personnellement en cette seconde théorie que je choisis de croire.
Hypothèses.
De cette analyse des mythes ressortent trois hypothèses quant à la provenance des Anciens.
La première montre les Anciens comme des esprits animaux, vénérés par les trolls, et qui tiraient leurs pouvoirs des sacrifices faits en leur nom. La seconde est celle selon laquelle les Titans auraient créé les Anciens de toute pièce, ou à partir de la faune locale, comme ils le firent avec les dragons. La troisième, enfin, voit dans les Anciens de puissantes bêtes sauvages ayant échappé à la Grande Chasse taurène, et qui furent ramenées dans l'équilibre naturel par la grâce d'Elune.
Selon moi, chacune de ses hypothèses est valable, et peuvent finalement toutes être vraies, puisqu'elles ne représentent qu'un chemin parcouru vers une finalité commune, l'ascension divine.

Cette finalité, plusieurs individus mortels ont cherché, et réussi, ou presque, à l'atteindre. Ainsi, les Loas ne sont pas exclusivement animaux. On peut en effet compter parmi les esprits révérés par les Sombrelance un individu du nom de Bwonsamdi, gardien des morts de la tribu. Ce Loa particulier revêt la forme d'un troll, et il ne serait pas le seul.
Ayant grandi sous la grâce d'Elune, l'archidruide Malfurion a récemment connu des métamorphoses qui transcendent sa nature elfique pour le rapprocher des formes animales abordées par son enseignement. Citons aussi les puissants seigneurs du Crépuscule, qui imprégnaient leur être tout entier de la puissance d'un élément et se faisaient eux-mêmes appeler "Ascendants".
On peut également citer la puissance phénoménale de la reine Azshara qui lui vint de son usage de la magie, mais aussi celle du Roi-Tonnerre, un mogu qui aurait tenté de devenir l'égal des Faiseurs en s'accaparant leur magie et leur technologie. Ce tyran fut ressuscité par des rites trolls, alors même qu'il était mort il y a des siècles. Des cas semblables de résurrection ont pu être observés durant la Troisième Guerre, lorsque des autels étaient construits afin de préserver la force des plus puissants défenseurs de l'Alliance, et leur permettre ainsi de revenir au combat plus sûrement que par l'intervention des prêtres. Aegwynn, qui enfanta Medivh, était, selon l'histoire, suffisamment puissante pour tenir tête à l'avatar de Sargeras lui-même. Dans la même lignée, il est dit que Medivh transcenda la mort pour revenir en Azeroth et expier sa trahison en protégeant notre monde.

Il apparaît ainsi que le statut d'Ancien n'est pas strictement réservé aux seuls esprits de la Nature et, qu'avec le temps et la puissance nécessaire, tout être mortel peut accéder à une élévation quasi-divine. On sait en outre que nos dirigeants ne sont pas à leur place de manière fortuite, puisque chacun d'entre eux est le champion de son peuple et un maître dans son art, constituant ainsi des exemples frappants du point auquel un individu peut porter sa légende, par sa force de volonté et la puissance accumulée durant son existence.
Toutes ses observations concordantes nous permettent de relativiser le gouffre colossal qui semble nous séparer de nos créateurs, car il n'est maintenant plus déraisonnable de penser que les Titans sont un peuple ayant réussi une ascension, non pas individuelle, mais collective.


[1]. Egalement connu sous le nom de Rêve de la Création, le Rêve d'Émeraude est un plan onirique connecté à Azeroth, représentant la planète telle que les Titans l'ont créée, et telle qu'elle serait sans aucune intervention d'êtres intelligents à sa surface.
[2]. Guerre qui opposa en Kalimdor les elfes de la nuit et leurs alliés aux démons de la Légion Ardente, durant le règne de reine Azshara.
[3]. D'après les retranscriptions des découvertes d'Uldaman. Note de l'auteur.
[4]. Cannibalisme dans le sens large d'un individu dit "civilisé" dévorant un autre individu dit "civilisé". Note de l'auteur.
[5]. Le Cerf blanc et la Lune, récit tauren contant l'histoire de Malorne.
[6]. Apa'ro, le cerf blanc, est connu des elfes de la nuit sous le nom de Malorne.
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