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Légendes zandalari par Xathandra Contes et légendes du monde  <    Publications     > 

[ Version originale : Ravennia de l'Empire Zandalari ]
I — Le Chat et la Souris
Légendes zandalari
extrait d'un recueil de légendes rassemblées par Xathandra, prêtresse trolle
traduit du zandali par Androsia Mortcrasse
adapté par les Editions du Nénuphar.
La grande prêtresse Xathandra, révérée Trollesse de l'empire zandalari, a patiemment rassemblé durant l'an 33, des contes issus de différentes tribus d'Azeroth. Bien que les intentions des Trolls zandalari devinrent belliqueuses durant ces dernières années, ce travail prouve que certains d'entre eux continuent d'œuvrer à la compilation et la préservation de leur histoire.
L'humaine Androsia Mortcrasse, passionnée depuis l'enfance par le peuple troll, a étudié le zandali durant de longues années afin d'en pouvoir traduire fidèlement les textes, comme les contes et légendes présentées dans ce recueil, qui nous permettent d'appréhender cette civilisation méconnue, sauvage mais grandiose.
Une légende raconte qu'il y a bien longtemps, par une nuit obscure, un Troll courrait à travers la jungle verdoyante de Strangleronce. Il courrait pour sauver sa vie, car il était poursuivi par le courroux de sa tribu, pour un crime terrible que l'histoire ne retint pas, car il n'est pas l'objet de ce qui le fit entrer dans les mémoires.

Terrifié, il courrait à en perdre haleine dans les chemins cachés de la forêt. Les battements de son cœur se confondaient avec les tambours de guerre toujours plus proches. Sa fin était proche, il le savait. Bientôt, sa tête serait au bout d'une pique. Alors, sans arrêter sa course, il adressa des prières aux Loas, aux arbres, aux nuages et aux galets ronds des ruisseaux. Peu importe qui ou quoi l'entendrait, il voulait de l'aide. Quel qu'en soit le prix à payer, il ne pourrait être pire que la mort certaine qui se rapprochait.
Au bord de l'évanouissement, il trébucha sur une racine et roula dans un ravin masqué par des fougères.

Il revint à lui dans l'obscurité totale. Un terrier, une cave, un lieu secret si sombre qu'il n'apercevait même plus le bout de ses défenses. Alors qu'il tâtonnait, aveugle dans les ténèbres, il entendit un ricanement, un petit rire doux qui lui glaça le sang.
— Qui... Qui est là ? demanda-t-il, tendant ses bras dans le noir.
Dans le long silence oppressant qui suivit, il sentit la caresse d'une brosse de poil doux contre sa jambe, avant qu'une voix espiègle ne lui réponde.
— Pauvre petite souris, toute seule, perdue dans les bois... Chhht, écoutez donc son cœur battre. Ecoutez son souffle tremblant...
Le Troll manquait de courage et osait à peine respirer à présent, mais puisqu'il était toujours en vie, il se dit que peut-être ses prières avaient été exaucées par cette mystérieuse créature, même si elle semblait se moquer de lui.
La voix, toute proche, reprit dans un murmure :
— Une nuit, si tu survis une seule nuit dans mon domaine, alors je te guiderai vers ton salut.
Bien qu'il ignorât tout de la créature, le Troll n'avait d'autres choix que d'accepter l'étrange marché. Il ferma les yeux et acquiesça, résigné.

Lorsqu'il sentit un souffle d'air frais, il les rouvrit et sursauta. Il se trouvait dans une clairière et la nuit était déjà bien avancée. Bien que la lune soit haute, la forêt semblait étonnamment sombre. Il était seul, livré à lui-même, et il percevait distinctement tous les sons alentour, jusqu'au moindre bruissement des feuillages. Il n'entendait plus les tambours de ses poursuivants, mais il n'osa faire un feu. Oppressé par l'obscurité environnante qui semblait se refermer sur lui, il préféra se blottir sous un grand arbre pour la nuit.
Alors que le sommeil le gagnait, un mouvement furtif le réveilla. Quelque chose avait bougé ! Quelque chose de noir et d'immense se cachait sous les grands arbres, en bordure de la clairière, et l'épiait. Bientôt, il aperçut d'autres mouvements, l'ombre n'était pas seule !

Il fallait fuir de nouveau. En marchant, il prit soudain conscience du silence oppressant qui enveloppait de la forêt. Pas un bruit, pas un mouvement, pas même une brise pour agiter la végétation. Bien que cela n'eût rien de naturel, il était bien trop épuisé pour réfléchir. Fourbu et affamé, il finit par s'asseoir le dos à un grand arbre et sombra aussitôt dans un sommeil lourd.

Bien vite, le ronronnement provocateur vint le chercher dans ses rêves, alors qu'une grande panthère noire aux yeux jaunes sortait de l'ombre.
— Tu as peur, petite souris ?
— Un peu, oui, mais je vivrai ! Je survivrai à tes épreuves, répondit-il d'une voix tremblante, qu'il eut souhaitée plus ferme.
— Tu n'as pourtant par l'air très confiant, grogna la panthère dans un rire étouffé.
Et, tandis que ses deux grands yeux jaunes envoûtants se refermaient, elle disparut dans les ténèbres.
 
Lorsque le Troll se réveilla, presque surpris d'être encore en vie, il faisait toujours nuit. Mais quelque chose avait changé dans la forêt, tout semblait plus grand, même les fleurs étaient devenues immenses, le dépassant aisément, et l'herbe était devenue une véritable jungle !
Lorsqu'il voulut saisir le poignard qu'il portait toujours à la ceinture, il s'aperçut avec horreur que ses mains fortes et agiles s'étaient changées en pattes ! Terrifié, il courut aussi vite que ses minuscules petites pattes le lui permettaient, poussant de ridicules petits couinements en guise de cris d'effroi.

A peine avait-il fait quelques petits bonds qu'il fut plaqué au sol par une masse si pesante qu'il en eut le souffle coupé. Relevant la tête, il se retrouva face à face avec une paire d'immenses yeux jaunes, à la fois moqueurs et séduisants.
— Et maintenant, petite souris ? Vint ronronner la panthère, es-tu prêt à abandonner ?
Se reflétant dans ces si charmants yeux jaunes, le Troll comprit ce qu'il était devenu en ne voyant qu'une minuscule souris grise terrifiée. Il tenta de répondre, de supplier, de plaider, mais ses misérables couinements ne firent qu'amuser un peu plus la chasseresse. La panique le saisit et il tenta de s'échapper, mais la prise était ferme.
— Pourquoi t'agites-tu ainsi ? reprit-elle. Tu veux t'enfuir peut-être ? Bien, faisons la course...
A peine le relâcha-t-elle que notre ami s'élança parmi les hautes herbes dans une course effrénée. Mais, alors qu'il contournait une pierre, il se retrouva nez à nez avec la panthère, qui n'avait eu qu'un bond à faire.
— Je crois bien que tu as perdu, susurra-t-elle, affichant une mine faussement compatissante. Dis-moi, petite souris, pourquoi te garderais-je en vie ? Tu ne sais que fuir et te cacher, et cette chasse trop facile ne fut d'aucun attrait.
Et sur ces mots, le grand félin fit tournoyer la souris au-dessus d'elle et l'avala d'une bouchée.

Si notre ami avait prêté davantage d'attention aux enseignements des Loas, il aurait compris ce que Bethekk désirait lui rappeler, et il aurait pu avoir la vie sauve. Mais le courage lui manquait et, né prédateur, il était devenu une proie apeurée qui craint d'affronter le danger.
Il était faible, et les Trolls faibles peuvent aussi bien être des souris.
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