D'aussi loin que je me souvienne, ma croyance, fut-elle celle d'une Quel'dorei, n'a jamais été questionnée, mais je puis comprendre les autres peuples de s'interroger sur ce sujet. Comment, en effet, un peuple aussi béni par la nature peut-il avoir foi en une puissance ? Je ne saurai répondre la vérité à cette question, mais je puis essayer de vous faire toucher celle de mon âme.

Et si l'on m'interroge sur la connaissance que peut avoir une Quel'dorei de la Lumière, je répondrai toujours que, comme tout un chacun, j'ai mes doutes, que les ténèbres s'emploient à m'égarer, mais que comme tout un chacun, j'ai l'espoir d'une aube nouvelle.

Il n'est pas rare d'entendre un Enfant des Étoiles [3] convoquer des dieux, au pluriel : "Que les dieux nous viennent en aide", ou encore "Puissent les dieux avoir pitié". Ces expressions s'ancrent dans l'histoire et la relation unique que notre peuple a su tisser et entretenir avec quelques unes des Entités formant, aujourd'hui, le panthéon de notre croyance polythéiste. Dans nos bibliothèques, de nombreux ouvrages reproduisent les fresques et les peintures du Temple de la Lune de Suramar, montrant Elune, et bien d'autres dieux — de véritables dieux, et non pas des demi-dieux —, protégeant le monde et ses enfants.
Viennent ensuite d'autres Entités, comme le demi-dieu Malorne [4], partageant leur sagesse et délivrant leur message de paix, d'équilibre et de respect. Avec le temps, cette notion d'osmose finit par façonner toute la société elfique, donnant naissance à cette symbiose que partage ce peuple avec la Vie et le monde.
Les Elfes de la nuit vénèrent également leurs ancêtres ; ce qui peut sembler difficile à croire au vu de notre longévité. Pourtant, il n'est pas rare de croiser un frère ou une sœur faisant offrande du traditionnel gâteaux au riz béni au Temple de la Lune.

Certains des nôtres, tout spécialement les druides, ont également une forte affinité avec la plupart des Anciens Gardiens, dont les derniers ont principalement été vus au Mont Hyjal. Cenarius compte parmi les plus anciens alliés des Elfes de la nuit. Les Kaldorei ont aussi des liens forts avec les Vols draconiques Rouge, Vert et Bronze. Ysera est particulièrement importante, puisque tous les druides aident son Vol en gardant le Rêve d'Émeraude. Ce lien de communion et de respect entre ces Entités et nous-même peut tendre jusqu'à la vénération.

Ainsi, selon ma vision, il est évident de comprendre que la Foi du Peuple Fé n'est pas régie par le consensus habituel d'Entité à croyant, mais tient davantage d'une relation de parent à enfant.

Le peuple elfe porte foi en une Lumière bien singulière et unique en tout Azeroth : la Mère-Lune, communément appelée la déesse Elune. Cette croyance est, en effet, remarquable puisque, contrairement à la plupart des croyances des peuples civilisés, elle repose sur la vénération de l'une des rares véritables déités de ce monde, et la plus puissante immortelle connue sur Azeroth.
Les plus fervents croyants de la Dame d'argent ont développé une hypothèse selon laquelle cette déesse aurait, lorsque le monde était encore jeune, protégé tous les êtres vivants, leur offrant ainsi une chance de grandir et de prospérer. Gardienne de paix et mère bienveillante, elle étend son influence apaisante à travers les territoires perturbés, afin de donner à tous, sans distinction raciale ni frontière, une nouvelle chance de guérir et de prospérer.

Les premières fondations de ce culte remontent à quelques années avant l'ascension de sa majesté la reine Azshara, et montrait déjà son importance, même si les miens, Bien-nés, finirent par lui accorder moins d'égards, sous l'influence de la reine, et aveuglés par l'attrait de la magie. Après cette horreur que fut la guerre qui vit la chute de Suramar, Elune apparut comme la principale source d'espoir pour les millions de réfugiés qui fuyaient la Légion Ardente. Essentiellement universelle et sans attache, malgré le temple de Darnassus érigé en son honneur, il n'est pas dit que la Foi, sa Lumière, se trouverait enfermée entre quatre murs. Elune prévoit et attend des offices de la part de ses prêtresses, mais elle ne demande pas qu'elles lui donnent chaque moment de leur vie — la Lune-mère étant une douce et aimante maîtresse. [5]
Sa croyance n'est nullement une suite de préceptes qui nous guideraient vers la voie du bien. Nous naissons et cheminons à travers la tempête qu'est la vie avec nos doutes et, parfois, la peur peut se saisir de nos cœurs, mais il nous suffit alors de lever les yeux vers la Grande Argentée pour percevoir sa Lumière bienveillante.
Oui, la Foi de la Dame Blanche est cette chose intime propre à soit qui nous fait nous lever chaque matin : la Lumière d'Elune est espoir.

La lumière d'Elune n'est pas une force pré-existante, que l'on pourrait apprivoiser et cultiver. A l'inverse des courants arcaniques, aucune étude, si longue et complexe soit-elle, ne permettra de se l'approprier, car elle est essence et reflet de notre âme. Elle naît en nous à l'aube de notre vie, et nous accompagne depuis nos premiers jours. C'est par notre conviction, notre foi, que nous parvenons à manifester la puissance de ses bénédictions.

Le mana est la composante essentielle de tout sort arcanique, ou bénédiction de foi, qu'un amateur des arts magiques pourrait utiliser. Tout être vivant en ce monde possède, même en quantité infime, du mana, qu'il en ait ou non conscience, certains peuvant même en arracher sauvagement à leur environnement. C'est par contre grâce à un entendement profond et complet de sa Foi et de ses convictions qu'un "mage d'esprit" — on voudra bien me permettre cette réduction —, manifeste ses bénédictions.