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La Flamme et le Papillon par Ambre Mythes et pensée  <    Publications     > 
La Flamme et le Papillon
Sur les traces de l'anachorète Onaasheï.
Ambre
corrigé et traduit du draeneï par Ione Densilla.
Ecrire, c'est écouter le silence. [1]
1. Introduction.
Qui du peuple draeneï n'a pas entendu au moins une fois un poème, un conte ou un aphorisme de l'anachorète Onaasheï ?
Même s'il est admis que la plupart des paroles attribuées à Onaasheï sont apocryphes, et principalement celles que nous citons aujourd'hui, celles qui modèlent notre manière de percevoir le monde, nul ne songerait sérieusement à nier l'importance de sa pensée dans notre culture.

Bien que la naissance d'Onaasheï se perde dans la nuit des souvenirs des plus anciens d'entre nous, il semble que la plupart de ses textes qui nous sont parvenus datent de ce que nous appelons l'âge des Elfes [2].
Durant cette période, si l'on en croit le témoignage de l'exarque [3] Nasuun l'Ancien, Onaasheï, qui avait reçu une formation de vindicateur [4], aurait traversé une longue période de remise en question, doutant de sa foi, s'interrogeant sur la nature profonde des Naaru et sur la texture même de ce qu'il est convenu d'appeler la réalité.
Cette traversée des ténèbres a fait supposer à certains que les textes fondateurs d'Onaasheï avait été influencés par quelque langueur causée par la perte de notre premier monde. D'autres, au contraire, estiment que trouble, manque et indécision mènent à la connaissance nue, s'appuyant en cela sur la célèbre pensée de l'Anachorète qui pourrait à elle seule résumer une grande partie de son œuvre.

Toute réponse est insuffisante.
C'est la question qui importe, et qui remet constamment tout en question.

Ne demande pas ton chemin à qui le connaît, mais à celui qui, comme toi, le cherche.

Ceci est le récit d'un court voyage en Draenor, durant le printemps de l'an 34, entrepris dans l'espoir d'en apprendre davantage sur celui dont les contes ont bercés l'enfance de nombre d'entre nous et la poésie formée nos visions d'avenir.
2. Telhamat.
Sitôt arrivées au Bastion de l'honneur, notre première tâche a été de nous rendre à Telhamat, dans la Péninsule des flammes, afin de nous confronter avec les fameuses légendes dites des grottes peintes.
Une rumeur tenace, répandue jusqu'en Nagrand et Zangar, raconte qu'un groupe de vindicateurs, fuyant le voile de corruption qui s'abattait alors sur des haut-lieux comme Karabor, désespérés et sentant leur fin proche, auraient enseveli un trésor inestimable dans les nombreuses grottes naturelles de la Péninsule. Suivant les versions, les époques ou les régions, le trésor caché est décrit comme composé de parchemins fondamentaux, ou encore de cristaux rares renfermant d'anciens savoirs, voire d'obscures puissances, ou même encore d'armes inconnues et bien sûr terrifiantes volées à la Légion.

Le fait surprenant est que ce groupe de légendes auxquelles nul ne pourrait croire sans un enthousiasme forcené ait pu ainsi traversé des âges troublés et survivre jusqu'à aujourd'hui. Nous avons nous même rencontré une Rouée qui nous a narré la version 8b [5] avec les accents les plus sincères et sans nul doute persuadée qu'il suffirait un jour à un héros chanceux ou ingénu d'aller fouiller les grottes et de déterrer ces artefacts divins pour reconquérir notre monde natal.

Quelle ne fut pas notre surprise d'apprendre, en parlant le lendemain avec les prêtres de Telhamat, que des parchemins avaient été jusqu'à une époque récente régulièrement mis à jour dans les environs des grottes. Alors que nous présentions nos recherches à une petite assemblée — heureuses de distraire un court instant par nos chimères le quotidien ascétique de ces hommes et de ces femmes vivant loin de tout —, il nous fut en effet expliqué avec quelques sourires qu'il était arrivé qu'un berger, un nomade ou des militaires en patrouille découvrent des poteries scellées contenant des parchemins, certes en mauvais état malgré le climat excessivement sec.
Les rares pièces qui avaient survécu au transport dans des conditions plus que sommaires, ou aux pillages d'étrangers rendus avides par l'illusion de tenir entre leurs mains de puissantes runes élaborés par nos ancêtres, transitaient par Telhamat. Là, elles avait été minutieusement décrites, inventoriées, proprement emballées et envoyées à Shattrath.

Les prêtres nous apprirent également que dans cette région, en plein désert profond, entre Telhamat et la Citadelle des Flammes, une minuscule communauté d'ermites survivait tant bien que mal, disséminée dans le labyrinthe des collines écrasées de chaleur et dans l'ombre fugace de ravins perdus. Quiconque n'a jamais traversé ces terres rouges, là où même les serpents et les scorpions ne s'aventurent pas, peut difficilement imaginer pays plus inhospitalier et impropre à la vie. A notre grande honte, nous devons confesser que nous crûmes tout d'abord que les vénérables religieux de Telhamat s'amusaient à nos dépends, qu'ils tentaient de nous faire marcher [6].
Le chemin s'ouvrait devant nous, et il semblait mener au cœur du désert.
3. Le désert profond.
Le désert fut ma terre.
Le désert est mon voyage, mon errance.

Toujours entre deux horizons ;
entre horizon et appels d'horizons.
Outre-frontière.

Le sable brille comme l'eau
dans la soif inextinguible.
Tourment que la nuit endort.
Nos pas font gicler la soif.
Absence.

Viendra, bientôt, la pluie
pour laver l'âme des morts.
Laissez passer les ombres brûlées,
les matins aux arbres sacrifiés.
Fumée. Fumée.[7]
Vue du désert des Flammes depuis Telhamat.
Bien évidemment, nous ne trouvâmes rien. Rien d'important ou qui n'avait pas déjà été cartographié, patiemment ratissé et répertorié. Même s'il parlait par métaphore et n'évoquait rien de concret, nous nous répétâmes à en rire les paroles d'Onaasheï :
Tu ne trouveras rien dans le désert, que ce que tu portes en toi.
Ici, toutes les routes se croisent.
Tu suivras ton chemin de poussière.[8]

Des nombreuses grottes que nous explorâmes, la plupart étaient vides, et depuis très longtemps. Deux d'entres elles grouillaient de fauchepierres affamés, l'une avait manifestement servi de repaire à des contrebandiers de l'Alliance, et une autre semblait encore utilisée de manières sporadique par des nomades, sans doute pour de courtes haltes diurnes, lorsque la fournaise brûle la peau et les yeux.
Nous visitâmes enfin, dans l'une des plus sauvages gorges de la région, une émouvante chapelle troglodyte décorée à la chaux. Les nombreux motifs complexes peint sur les parois et le plafond ne nous permirent pas de les rattacher à un culte connu, contemporain ou passé, mais aucune de nous n'avait les connaissances théologiques suffisantes.

A côté, une petite cavité retint notre attention par la façon dont le volume intérieur avait été manuellement et subtilement modifié. Une pièce centrale aux proportions agréables et aux angles droits donnait accès à deux petites chambres rondes. Au sol, une sorte de socle arasé de forme carrée était encore visible.
Sans nous concerter, nous éprouvâmes l'envie de nous asseoir et, dos au mur, dans l'axe de l'entrée, nous contemplâmes le jeu des derniers rayons du lumière qui venaient embraser un court moment le fond de la grotte. Lorsque le soleil sombra par delà les falaises arides, j'eus le sentiment que ce lieu oublié, silencieux, ne pouvait que convenir pour questionner son âme et pour approcher la pensée d'Onaasheï.
Où j'étais quand je n'étais pas né ?
[1]. Sauf indications contraires, les citations sont extraites des Prières de sable, textes attribués à Onaasheï et rassemblés par l'anachorète Yasht. Toutes les notes de bas de page sont de la traductrice.
[2]. La période dite Age des Elfes s'étend de -14.000 à -4.000 suivant la datation en vigueur dans l'Alliance, qui place l'an 1 à l'ouverture de la Porte des ténèbres.
[3]. Titre honorifique autrefois utilisé signifiant littéralement "celui qui a lu [étudié] les textes sacrés."
[4]. Ordre ancien des redresseurs de torts draeneï, davantage tourné vers le combat et animé par une foi souvent vengeresse.
[5]. Les différentes versions de la légende — dite des grottes peintes ou du renouveau — associée aux grottes de la Péninsule et offrant la promesse d'un trésor enfoui sont classées en sous-groupes. La 8b parle de cristaux renfermant une sagesse archaïque, gardés par un Naaru.
[6]. En commun dans le texte.
[7] et [8]. Le Livre des assemblances, fragment 42. Attribué à Onaasheï.

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