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Les Puits de magie, bienfaits et dépendance
Meloromie de Roncegarde, Thenna Rocvent
Notes de l'éditeur.
Une première version du présent texte fut écrite par dame Meloromie de Roncegarde, archimage du Kirin Tor, pour l'Arcanum Dalaran en l'an 36. Durant l'hiver de l'an 37, l'auteur proposa aux Editions du Nénuphar d'en publier une version remaniée et enrichie, mais son décès prématuré durant le 3e mois de l'an 37 mit hélas brutalement fin à notre collaboration.
Le travail fut repris par Thenna Rocvent, mage de bataille et ex-membre de l'Arcanum Dalaran. Sa connaissance profonde des diverses magies, acquise durant les années passées à parcourir le monde, lui a permis de compléter l'étude originale, tout en l'enrichissant de ses expériences personnelles. Nous espérons avoir ainsi respecté la pensée de l'archimage Meloromie de Roncegarde et parachevé son précieux travail.

Nous joignons ici les remerciements de l'auteur, tels qu'ils figuraient dans le manuscrit.
Je tiens à remercier toutes les personnes, qu'ils soient Kaldorei, Quel'dorei, Sin'dorei, ou simplement des personnes concernées de près ou de loin aux Puits qui ont eu la bonté de pouvoir m'aider à écrire cette brève étude sur le sujet.

Nous remercions également Celyan Belqueria pour ses audacieuses suggestions et ses corrections minutieuses, ainsi que le Kirin Tor pour avoir accordé son soutien aux Editions afin de mener à bien la publication de cet ouvrage.


Ione Densilla, les Editions du Nénuphar.
Qu'ils soient d'origines naturelles ou artificielles, les puits magiques d'Azeroth sont de très puissantes sources d'énergie. Bien que l'existence du premier Puits d'Eternité remonte à l'aube des civilisations, leurs incroyables propriétés magiques, ainsi que leur nature profonde, sont encore mal comprises à ce jour.

Au cours des âges, plusieurs puits magiques furent créés, chacun avec des effets, des caractéristiques et des utilisations particulières. La modification et le mélange d'énergies au sein du Puits de Soleil en l'an 28 ont notamment relancé le débat au sein de la communauté magique à propos du fonctionnement et de la source originelle de ces lieux saturés d'énergie. Bien qu'il soit fort probable que le premier Puits d'Eternité fut réellement un puits dans sa définition stricte et sa forme — c'est-à-dire le jaillissement en surface d'énergie liquide alimenté par une source bien plus profonde, montant du cœur même d'Azeroth en suivant une faille de la croûte continentale de Kalimdor — les autres puits magiques sont généralement des bassins fermés, non reliés aux puissants courants souterrains, et ne sont donc pas des puits à proprement parler.

La présente étude recense une brève histoire des puits magiques d'Azeroth, leurs particularités, ainsi que les risques de dépendances qu'entraîne leur utilisation, afin de mieux comprendre ce qui les relie ou les différencie.
1. Le Puits d'Eternité.
Ce puits n'existant plus aujourd'hui, les rares informations historiques collectées à son sujet nous sont transmises par les Bien-nés, ainsi que de rares Kaldorei encore meurtris par les événements survenus il y a dix millénaires. Nous n'avons aucune information concrète concernant la création même de ce Puits, comment il apparut et d'où en provenaient les énergies. Nous ne pouvons que spéculer sur diverses théories. Bien que certains affirment avec le plus grand aplomb que les Titans le créèrent durant l'ordonnancement d'Azeroth, les hypothèses concernant son utilité au sein du grand œuvre, évoquant parfois des raisons esthétiques ou évolutionnistes, demeurent confuses.

Lorsqu'il fut découvert, le Puits d'Eternité se trouvait au cœur du continent unique d'Azeroth. L'énergie brute qui en émanait attira les anciens Elfes de la Nuit [1], qui bâtirent leur capitale, Elun'dris — littéralement l'Œil d'Elune [2] à proximité. La culture bien-née exploitait la puissance arcanique du Puits sous différentes formes, et c'est de cette manière que ce peuple a rapidement prospéré.

Très vite cependant, le Puits fut utilisé à des fins éminemment dangereuses, ouvrant notamment un passage à la Légion Ardente, qui ne tarda pas à envahir les terres elfiques. Cette première invasion de la Légion Ardente déboucha sur la Guerre des Anciens, aujourd'hui relatée dans divers ouvrages et narrée à travers les différents Royaumes d'Azeroth. C'est lors de ces tragiques événements que le Puits d'Eternité explosa, dispersant sa magie et laissant à sa place le Maëlstrom.

Il semblerait néanmoins qu'Illidan Hurlorage ait auparavant réussi à collecter quelques rares fioles contenant des énergies du Puits d'Eternité. Les récits elfiques affirment qu'il aurait versé trois de ces précieuses fioles dans un lac au sommet du Mont Hyjal, ce qui permis la reconstitution partielle d'un second Puits d'Eternité.
Afin de le protéger et d'en assurer la garde, du fait de son pouvoir d'attirer à nouveau les armées de la Légion Ardente, les Aspects draconiques plantèrent au cœur de ce puits une graine de l'Arbre-mère [3], enchantée des puissantes énergies naturelles du Rêve d'Emeraude. Cette graine devint Nordrassil, le premier Arbre-monde, et sa magie primordiale régule encore à ce jour les flux arcaniques de ce second puits d'éternité, dont l'influence bénéfique sur la végétation et la faune environnante est manifeste.

Si les origines du premier Puits d'Eternité sont méconnues, ses étonnantes propriétés magiques sont évidentes.
Constitué d'énergie arcanique extrêmement pure, il permit à la civilisation kaldorei de fleurir et d'étendre un grand empire. La grande puissance qu'il détenait permit aussi d'ouvrir un portail démoniaque aux forces innombrables de la Légion Ardente. Plus étonnant, il suffit d'un minuscule échantillon de ses eaux enchantées pour transmettre ses propriétés arcaniques à un lac entier. Notons à ce sujet qu'au début de l'invasion démoniaque de l'an 36, le Puits d'Eternité du Mont Hyjal fut presque entièrement asséché par les armées de la Légion. Bien qu'il n'en restât qu'une maigre flaque, la source en amont put remplir à nouveau le bassin qui a retrouvé de nos jours ses pleines propriétés.
A noter que le pouvoir de ce Puits est modéré par l'influence du Rêve d'Emeraude et de la magie de la nature. Nous verrons plus loin l'importance de cette particularité.
2. Les Puits de Lune.
Bien que plus nombreux sur les terres kaldorei, on trouve des Puits de Lune dans différentes contrées d'Azeroth. Ils sont pour la plupart issus des eaux du second Puits d'Eternité — celui du Mont Hyjal.

Leur symbolique est très forte au cœur de la culture kaldorei. Ils représentent le lien essentiel qui unit les Elfes avec la nature, ainsi qu'avec la déesse Elune. La création d'un Puits de Lune est un processus qui requiert l'harmonie absolue avec l'environnement, mais aussi une humilité et une dévotion entière envers la déesse-mère. En effet, la bénédiction de la faune est requise, ce qui nécessite de gagner l'estime des plus puissants animaux alentour en affichant de manière certaine la volonté de coexister en respectant l'équilibre naturel. Il faut ensuite disposer d'un peu d'eau du lac enchanté d'Hyjal, ou d'un autre Puits de Lune. Enfin, pour que le Puits de Lune acquière ses pleines caractéristiques magiques, il faut demander, lors d'une prière rituelle, la grâce d'Elune pour en bénir le nouveau bassin.
L'association de la magie arcanique inhérente aux eaux du Puits d'Eternité, de la magie naturelle druidique apportée par la faune et la flore locales et de la magie sacrée d'Elune offre aux Puits de Lune leurs propriétés exceptionnelles.
Les Puits de Lune ne sont pas limités à des tailles précises, ni au fait d'être placés en extérieur. Certains arbres-maisons kaldorei accueillent un Puits de Lune en leur sein, de même pour le Temple d'Elune à Darnassus dont la fontaine majestueuse est en réalité un Puits de Lune.

Au quotidien, les multiples propriétés curatives des Puits de Lune sont largement utilisées. On y soigne les blessés, purifie les malades, purge les venins, mais on y redonne également du mana aux mages et autres lanceurs de sorts. Par ailleurs, quelques gouttes d'eau d'un Puits sont nécessaires à l'accomplissement du rituel permettant aux Worgens de retrouver une forme humaine et de maîtriser leur forme dite druidique.
De même, la présence des Puits de Lune est bénéfique et protectrice pour le territoire environnant. Il semble en effet que le Puits situé dans les Bois de la Pénombre confère une meilleure santé et une plus grande robustesse à la faune et la flore du Bosquet Crépusculaire, comparé celles du reste de la région.

A l'inverse, un Puits peut diffuser des énergies néfastes sur son environnement. Ainsi, certains anciens Puits de Lune dans la région de Gangrebois ont été manifestement corrompus par les démons et suintent maintenant d'une magie gangrénée néfaste qui contribue à maintenir la corruption des sols et animaux alentour. Malgré les nombreuses tentatives des Sœurs d'Elune et des druides, il semble extrêmement difficile de les purifier afin de restaurer leur harmonie.
Puits de lune dans la forêt elfique
Pour conclure ces rapides observations, il apparaît que les propriétés des Puits de Lune sont encore mal estimées, mais il n'est pas impossible qu'ils aient grandement contribué à rompre la dépendance liée aux arcanes parmi les ex-Bien-nés kaldorei restés en Kalimdor, grâce à l'étonnant mélange de magies sacrées, naturelles et arcaniques fondues ensemble.

Tout comme la graine de Nordrassil tempère les énergies du Puits d'Eternité d'Hyjal, les Kaldorei ont appris à mêler les énergies de la nature et d'Elune à l'eau arcanique pour obtenir une source de pouvoir plus saine et moins addictive. Il serait intéressant de vérifier si les Quel'dorei et les mages d'autres races pourraient également trouver un équilibre et rompre leur dépendance arcanique grâce à la présence de Puits de Lune. Malheureusement, le Puits de Lune créé dans l'ancien parc de Hurlevent n'est pas resté en place assez longtemps pour que l'on puisse en juger les effets sur les mages et apprentis arcanistes du quartier adjacent. En terres elfiques, de telles hypothèses se relèvent périlleuses à vérifier par la pratique, tant les fières Sentinelles kaldorei se montrent protectrices envers les Puits de Lune sacrés.
3. Le Puits de Soleil.
Le Puits de Soleil est situé sur l'île de Quel'danas, au nord de ce qui est aujourd'hui le Royaume elfique de Quel'Thalas. Il fut créé à partir d'une seule fiole des eaux originelles du Puits d'Eternité, suivant un rituel identique à celui du Mont Hyjal, bien que là les Aspects draconiques n'intervinrent pas dans celui-ci. Placé sur un nœud tellurique [4], les flux arcaniques souterrains ont permis d'accroître la puissance du Puits, et il apporta une vigueur et une énergie nouvelle aux Bien-nés brisés par la rupture du Puits d'Eternité, mais aussi aux forêts alentour.

Ces dernières furent grandement affectées par le rayonnement du Puits de Soleil. Le plus vieil arbre de la région, Thas'alah, littéralement la lumière de la forêt en thalassien, en absorba les débordements d'énergie, créant par cet équilibre un printemps éternel dans toute la région.
Par la suite, les Elfes lièrent l'énergie irradiant Thas'alah à un réseau de gigantesques monolithes en pierre runique, dispersés à la frontière de leur territoire, de manière à protéger Quel'thalas par une barrière magique. Cette barrière repoussait les intrus — notamment en effrayant les Trolls Amani superstitieux —, mais aussi le dissimulait aux yeux de la Légion Ardente. On ignore encore aujourd'hui le procédé et la nature exacte du sortilège qui créa cette protection magique, mais il est certain que l'atténuation des émanations arcaniques, et donc leur dissimulation, réside dans l'association audacieuse de la puissance de la magie naturelle conférée à Thas'alah par l'Arcane émanant du Puits de Soleil. La présence régulatrice de cet arbre semble en tout cas étrangement similaire à ce que les Aspects-dragons avaient produit en plaçant Nordrassil près du lac enchanté par les eaux du Puits d'Eternité.

L'histoire des Bien-nés, au travers de leurs changements en Quel'dorei, puis Sin'dorei, nous apprend que l'impact durable des Puits sur une population est principalement visible lorsque cette population est privée de ces énergies.

Lors de l'attaque du Fléau contre le Royaume de Quel'thalas, le Prince Arthas Menethil, devenu chevalier de la mort au service du Roi-Liche, se servit des énergies du Puits de Soleil pour accomplir un sombre rituel visant à ramener à la vie le mage noir Kel'Thuzad en l'immergeant dans ses eaux magiques. Cette magie nécromantique corrompit instantanément le Puits de Soleil. Sachant que le Puits souillé répandrait rapidement ces énergies impies à travers tout le royaume, de la même façon qu'il répandait auparavant sa magie arcanique, le Prince Kael'thas Haut-Soleil et quelques survivants, impuissants à réhabiliter le Puits de Soleil, le firent éclater afin d'endiguer la corruption. Privés des énergies arcaniques du Puits, les Elfes ressentirent bien vite les répercussions de la dépendance et du manque, dont ils avaient gravement sous-estimé les effets.

Ils se tournèrent alors vers d'autres sources de magie, utilisant notamment l'énergie gangrénée, et se rassemblèrent sous le nom de Sin'dorei, les Elfes de Sang. Ils apprirent la ponction, qui consiste à tirer le mana des êtres vivants pour le consommer.
L'éclatement du Puits de Soleil provoqua en outre une rupture et un clivage social dans la société des Hauts-elfes. En effet, la consommation excessive de ces substituts magiques avait un effet terrible sur le corps et l'esprit de ceux qui en abusaient, et ils commencèrent à dépérir et à muter, devenant des Déshérités. Considérés comme déviants par les autres Elfes, les Déshérités se groupaient pour agresser leurs semblables, ou toute autre créature dotée de mana, afin de les ponctionner.

Des années plus tard, les suivants du prince renégat Kael'thas, les Solfuries, retrouvèrent un fragment d'essence originelle de leur Puits de Soleil. Ils l'utilisèrent pour tenter de rétablir le Puits de Soleil afin d'invoquer en Azeroth Kil'jaeden, l'un des plus puissants généraux de la Légion Ardente. L'Opération Soleil-Brisé, regroupant des Draeneï de l'Aldor et des Sin'dorei de l'ordre des Clairvoyants, permit de sauver le Puits après d'âpres combats. Grâce au sacrifice du Naaru M'uru, ainsi qu'à l'aide du Prophète Velen, le Puits retrouva son intégrité et sa pureté, quoique avec désormais une importante part de Lumière. Ce mélange d'Arcane et de Lumière induira probablement des changements pour ceux et celles se tournant vers ce nouveau Puits de Soleil restauré, ainsi que pour les régions alentour, bien qu'il soit encore trop tôt en l'an 37 pour en constater les effets.

Le Puits de Soleil fut donc, bon gré mal gré, le sujet de nombreuses expérimentations, manipulations et modifications. Il s'agit par conséquent d'un cas d'étude particulièrement intéressant puisqu'il permet d'observer la réaction des Puits à diverses influences, ainsi que la souplesse de leurs énergies.
Issu de l'Arcane pur d'une fiole d'eau du Puits d'Eternité, il fut renforcé par un nexus de lignes telluriques et lié à l'énergie naturelle de la forêt, puis corrompu par la nécromancie, corruption qui aurait pu s'étendre aux alentours, avec des effets dévastateurs pour l'environnement et les Elfes. Comme le Puits d'Eternité originel, il servit de portail vers le Néant, ouvert pour l'invocation de Kil'jaeden. Finalement, un fragment intact de ses énergies et le sacrifice d'un Naaru lui permirent de retrouver l'intégralité de sa puissance, mêlée cette fois à l'énergie bienfaitrice de la Lumière.

L'une des propriétés du Puits de Soleil, commune à celle du second Puits d'Eternité du Mont Hyjal, ainsi qu'à la formation de Puits de Lune, suscite l'interrogation. Il a en effet suffi de quelques fioles des eaux du Puits d'Eternité pour enchanter un lac entier, puis une succession de Puits de Lune plus modestes. Le Puits de Soleil est quant à lui issu d'une seule fiole et il suffit d'un éclat de sa puissance perdue pour le reformer.
Cet effet de régénération, ou de propagation, infinie des énergies du Puits d'Eternité originel à partir d'un infime échantillon suggère deux hypothèses. Soit nous sommes en présence d'une concentration extrême, qui autorise toutes les dilutions, même les plus infimes, soit un processus organique est à l'œuvre, capable de croissance et de multiplication.
4. Le Puits de la Nuit.
Récemment découvert, le Puits de la Nuit est apparu durant la Guerre des Anciens, il y a dix millénaires. Suramar, l'une des grandes métropoles kaldorei, située à l'Est de Zin-Azshari, fut assiégée par les armées démoniaques de la Légion Ardente. Les Bien-nés tentèrent d'abriter la cité sous un dôme protecteur en utilisant pour ce faire le très puissant Œil d'Aman'thul. D'après les mythes, Aman'thul était l'un des Titans fondateurs du Panthéon. Il est cependant très difficile de savoir si l'Œil d'Aman'thul est réellement l'un de ses globes oculaires, ou s'il s'agit d'un artefact laissé par ce Titan sur Azeroth.

Quoi qu'il en soit, il semble également être une composante essentielle du Puits de la Nuit, renforcé par la présence de nombreuses lignes telluriques souterraines environnantes comme pour le Puits de Soleil. En outre, tout comme le Puits de Soleil, le Puits de la Nuit renforce la puissance les sortilèges alentour, mais il provoque une dépendance encore plus forte que celles liées au Puits d'Eternité et au Puits de Soleil.

Source d'énergie très importante, le Puits de la Nuit a joué un grand rôle dans la vie de Suramar. Isolée sous un dôme, mais aussi plongée dans la pénombre — certains parlent même d'une nuit permanente — la société de Suramar ne tarda pas à changer. Les habitants se nommèrent les Shal'dorei, que l'on peut traduire par les enfants de la nuit, sans nul doute en référence aux Kaldorei, les enfants des étoiles.

La transformation physique, due aux émanations du Puits de la Nuit partout dans la ville, est d'une ampleur considérable. Certains individus ont en effet une carnation d'un bleu très sombre, et ils semblent irradier d'Arcane. A noter que, du fait de leur isolement, la population de Suramar a dû faire face à la famine, amenant les autorités à distribuer avec parcimonie une boisson nutritive issue du Puits de la Nuit et légèrement alcoolisée, l'arquevin. Cette ingestion d'Arcane a sans nul doute accéléré les changements physiques des Shal'dorei.

Par ailleurs, l'ingestion d'arquevin a augmenté les effets de dépendance au Puits de la Nuit, et ceux qui n'ont plus accès à cette boisson arcanique dépérissent rapidement. Dans un premier temps, lorsque leur conscience faiblit, ils sont appelés Souffrenuit. Ensuite, leur état de faiblesse devient irréversible, ils perdent peu à peu toute conscience pour ne devenir que des créatures assoiffées de mana et d'Arcane. Ceux-là sont appelés Flétris.
La principale différence entre les Flétris de Suramar et les Déshérités de Quel'thalas, est que les Flétris sont des Elfes qui n'ont pas pu trouver de sources de mana pour apaiser leur manque, tandis que les Déshérités sont des Elfes dont l'esprit et le corps ont été détruits par une surconsommation excessive, insupportable pour leur organisme.

Le manque enduré par les Souffrenuit est douloureux et les affecte de façon visible, tant physiquement que mentalement, torturant leur esprit et leur corps. Ils ont la possibilité de revenir à un état sain de trois manières : soit par à un accès aux énergies du Puits de la Nuit lui-même, soit en consommant de l'arquevin, ou enfin grâce à l'Arcan'dor, un arbre magique dont les propriétés seront décrites en plus loin. Dans ce dernier cas, la "guérison" est complète, et le Souffrenuit qui ingère les fruits de l'Arcan'dor retrouvera une pleine possession de ses moyens, ainsi que l'apparence d'un Shal'dorei.

Les Flétris végètent dans un état primaire et débilitant. Ils ne semblent se nourrir que des cristaux de mana que l'on trouve dans la région, mais peuvent également absorber le mana et les énergies arcaniques de l'environnement, et même des individus sains en les ponctionnant. Bien que leurs sens soient atrophiés, ils sont capables de sentir les sources de mana à grande distance. Dans les régions de Suramar et d'Azsuna, il est hélas fréquent de rencontrer des bandes de Flétris dans les endroits souterrains et les ruines des cités elfiques.

S'il trouve une partie de sa puissance dans les lignes telluriques de façon semblable au Puits de Soleil, le Puits de la Nuit n'a pas pour origine le Puits d'Eternité. Sa création, grâce à l'Œil d'Aman'thul, reste fort mal comprise, et nul doute que ce Puits recèle encore de nombreux mystères. L'influence magique extrêmement importante qu'il exerce sur les êtres conscients, relevant presque de la symbiose, permet tout du moins de mesurer la différence entre cette source et celle du Puits d'Eternité.
5. Solutions ou désillusions ?
De manière générale, les Puits magiques sont une source de puissance considérable, capable d'apporter de prodigieux bienfaits, mais aussi une forte dépendance. Les effets d'addiction de l'Arcane sont bien connus et enseignés aux jeunes apprentis mages, et il semble logique que ce phénomène se retrouve dans les Puits qui contiennent de la magie arcanique. Le Puits de la Nuit, constitué d'Arcane pur, et dont les effets sont manifestes sur la population et l'environnement en est une parfaite illustration. Rappelons que ce Puits est le seul à ne pas être issu des eaux du Puits d'Eternité originel, mais aussi le seul dont les énergies n'ont pas été mêlées à des forces naturelles environnantes.

La dépendance créée par le Puits de Soleil est bien inférieure et ses effets plus positifs. Sa présence n'a en tout cas pas été nuisible, puisque les Bois des Chants Eternels et leurs habitants ont connu une ère prodigieusement prolifique durant de longs millénaires. Néanmoins, les témoignages sin'dorei attestent qu'ils avaient gravement sous-estimé les effets de dépendance qu'il pouvait engendrer.

On peut expliquer cette mauvaise appréciation de la part d'experts en sources arcaniques que sont les Sin'dorei par le raisonnement suivant : si les Elfes furent surpris par le puissant phénomène de dépendance physique et mentale du Puits de Soleil, ainsi que par le manque équivalent créé par sa disparition, cela peut être dû au fait que le Puits d'Eternité originel, connu des premiers Elfes, ne possédait pas cette propriété, ou du moins de manière beaucoup plus modérée.

Si l'origine du Puits d'Eternité demeure inconnue à ce jour, l'hypothèse la plus fréquente est qu'il fut construit par les Titans. En effet, puisqu'ils créèrent le continent primordial, il est logique de penser que le Puits fit partie de cette création. Mais alors, pourquoi les Titans auraient-ils volontairement placé au centre du continent unique une source dangereuse, qui pourrait certes apporter des bienfaits, mais serait aussi susceptible de nuire à tous les êtres vivants et l'environnement de leur création ?

Puisque les Puits magiques nécessitent d'être protégés et camouflés, comme nous l'ont bien montré les Aspects dragons en liant la graine de Nordrassil au Puits du Mont Hyjal, peut-on réellement croire que les Titans auraient volontairement laissé le Puits d'Eternité irradier ses énergies arcaniques incommensurables sans moyen de protection ou de régulation ? Si les Titans sont les créateurs du Puits d'Eternité originel, on peut penser qu'ils avaient prévu un système permettant d'en mieux canaliser et réguler les flux. Peut-être le Puits d'Eternité était-il relié à une structure mêlant ses énergies arcaniques aux magies naturelles environnantes.

Il est donc possible qu'il existât un dispositif complexe de runes ou de machinerie mises en place par les Titans autour du Puits d'Eternité, en surface ou en sous-sol, permettant d'en accorder les énergies avec la magie naturelle ou sacrée, pour qu'elles nourrissent sans risque le continent unique de ses bienfaits. Un tel dispositif aura alors disparu dans les profondeurs abyssales lorsque le Puits d'Eternité implosa, hors d'atteinte pour être étudié. S'il se trouvait en surface dans les alentours du Puits d'Eternité, il est d'ailleurs possible que ce système ait été découvert, puis délaissé, par la race elfique native qui s'établit à proximité et n'en percevait sans doute pas l'utilité.

Dans cette étude, nous avons vu que la présence d'un Puits magique, dont les énergies étaient stabilisées et contrôlées, nourrissait son environnement dans un large périmètre, comme ce fut le cas du Puits de Soleil qui baigna Quel'thalas d'un printemps éternel durant de longs siècles. Les Puits magiques offrent même parfois une protection à la faune et à la flore, ainsi que le fait le Puits de Lune qui contribue certainement à immuniser le bosquet des Bois de la Pénombre contre l'aura malfaisante qui infeste cette région. Or, sur ce point, il est avéré que le Puits d'Eternité a apporté une croissance bénéfique sans équivalent au peuple kaldorei, leur accordant des vies plus longues, une meilleure santé et robustesse, ainsi que des capacités physiques et intellectuelles qui leur ont permis de s'élever et conquérir presque entièrement le continent primordial à l'aube des temps.

Pendant ces millénaires de croissance harmonieuse, il est bien possible que les Kaldorei n'aient jamais connu de dépendance à son contact, protégés par le dispositif régulateur du Puits d'Eternité. Ceci expliquerait pourquoi, plusieurs millénaires plus tard, les Quel'dorei sous-estimèrent cet effet produit par leur Puits de Soleil qui, lui, n'en bénéficiait pas. Il est d'ailleurs probable que les Quel'dorei, exilés de Kalimdor à la suite de la Grande Fracture, n'aient pas subi un manque aussi fort qu'on le pense, puisqu'ils survécurent à l'absence de Puits magique dans leur quotidien durant de longs siècles avant de créer le Puits de Soleil. Davantage qu'un moyen d'étancher une dépendance devenue insurmontable, il est possible que le Puits de Soleil fût plutôt créé dans un but plus orgueilleux, afin de recréer une glorieuse société de confort et de démesure, en opposition avec la vie des druides prônée par Malfurion Hurlorage, pataugeant dans la boue pieds nus, qui leur semblait sans doute d'une indicible vulgarité et d'un ridicule sans nom.

Les Bien-nés des ruines d'Eldre'thalas [5] qui ont cherché d'autres moyens de conserver leur train de vie exubérant et démesuré se sont penchés sur l'exploitation d'un démon, tandis que d'autres se sont tournés vers le pillage du Nexus pour s'en approprier les artefacts — provoquant ainsi la catastrophe des Champs de cristal en Norfendre — sont autant exemples d'initiatives visant à pallier l'absence des pouvoirs conférés par le Puits d'Eternité, davantage que des effets de manque.

On peut supposer que les Puits de Lune, qui mêlent la bénédiction d'Elune et de la Nature à l'Arcane, possèdent ce même système de régulation d'Arcane. Cette propriété se retrouve sur un arbre ancestral redécouvert récemment et qui est exploité à l'heure actuelle par les Souffrenuit, les renégats Shal'dorei ayant été bannis de Suramar et coupés du Puits de la Nuit. Les fruits de cet arbre, nommés l'Arcan'dor, semblent permettre aux Flétris de retrouver leur apparence initiale et de rompre leur dépendance au Puits.

L'arbre plonge ses racines dans le réseau des lignes telluriques et se développe en fonction de la quantité et de la qualité de ces énergies arcaniques, les assainissant et les rendant plus propres à la consommation grâce à l'apport d'essence vitale purifiée issue du Rêve d'Emeraude. Il mêle ainsi harmonieusement les magies de l'Arcane et de la Nature. Il en résulte un arbre modelé par la magie, capable de réellement sustenter ceux dont le corps réclame l'Arcane en grande quantité, en supprimant les effets de dépendance et de corruption.

Aucune observation ne permet pour l'instant d'évaluer l'influence qu'il peut avoir sur la faune et la flore locale. Ses effets ne semblent se transmettre que par le biais de ses fruits, n'affectant de ce fait que ceux qui les consomment. Sa puissance réside principalement dans le subtil et remarquable équilibre entre les énergies arcaniques et naturelles qui le constitue. De malheureuses tentatives de création d'Arcan'dor se sont soldées par des échecs lorsque les énergies arcaniques prirent le dessus sur les énergies druidiques et transformèrent leurs utilisateurs elfiques en créatures arachnéennes aujourd'hui connues sous le nom de Fal'dorei.

Si, à ce jour, les fruits de l'Arcan'dor sont réservés à ceux qui en ont le plus besoin — c'est-à-dire les populations sacrenuits —, leurs propriétés seraient bénéfiques à tous les adeptes de la magie arcanique.
Comme on le sait, l'Arcane brute corrompt et suscite la dépendance, et il en va de la vigilance de chacun d'en utiliser les énergies de façon modérée et responsable. Par les enchantements et l'usage de runes ou de familier, les praticiens de l'Arcane n'ont eu de cesse de chercher des moyens de se préserver de sa nocuité, sans en limiter leur usage. Il reste donc à savoir si les fruits de l'Arcan'dor permettent une utilisation excessive de l'Arcane, ou s'il ne s'agit que d'un remède pour ceux déjà affligés, une façon d'assainir un corps trop touché.

En conclusion, il semble que l'entremise de la Nature et de l'Arcane pourrait être d'un grand secours à tous les mages, permettant d'user des bienfaits de l'Arcane, tout en se prémunissant des risques de dépendance.
Si les ordres druidiques et arcaniques partageaient pleinement leurs connaissances respectives, il serait sans doute possible d'œuvrer à la création de sources de magie saines et inoffensives. Pour aller plus loin, et à l'image des Puits de Lune accueillant les puissances du divin, la Lumière pourrait être sollicitée dans la création de telles fontaines de pouvoir bienfaitrices, car il ne fait aucun doute qu'une source capable de mêler ces trois énergies, aussi harmonieusement que l'Arcan'dor mêle celles de l'Arcane et de la Nature, serait un bienfait pour tout Azeroth.


[1]. Voir à ce sujet l'étude de Rislon Milloin, Une Brève histoire de l'arcane, publiée aux Editions dans le recueil Les Arts subtils, introduction aux magies.
[2]. La capitale elfique sera renommée Zin-Azshari, littéralement La Gloire d'Azshara, lors du règne de cette reine.
[3]. G'Hanir, aussi appelé l'Arbre-mère, était le plus grand arbre existant dans le Rêve d'Emeraude et l'on dit que ses fruits contenaient toutes les graines des différents arbres d'Azeroth. L'arbre-mère périt lors de la Guerre des Anciens.
[4]. Confluent d'un nombre important de lignes telluriques à un endroit donné. Les lignes telluriques sont des flux arcaniques fixes se déployant sous la surface d'Azeroth. Dalaran fut originellement érigée sur un nœud tellurique des contreforts de Hautebrande.
[5]. Cette ancienne cité elfique est de nos jours connue de l'Alliance sous le nom de Hache-Tripes.

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