Fan-fictions World of Warcraft.
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[Adapté d'un conte de Christian Bobin.] La Trace d'une vie
par Ambre.
lors de la Veillée des Contes de la Chope Sucrée le 23e jour du 5e mois de l'an 34.
Edition originale : Le Salon, 5e mois de l'an 34. Sur Draenor, on aime à penser qu'un Naaru nous accompagne et nous aide durant tout le temps que nous vivons. On ne le voit jamais, on ne peut ni lui parler directement ni le toucher, mais il est là, à nos côtés et il veille sur nous, connaissant nos peurs les plus intimes et nos désirs profonds.
On l'appelle naa'ti. Un jour donc, un Draeneï meurt au combat. Il s'est battu comme un lion et rencontre son naa'ti, tout essoufflé, le sang de ses ennemis mêlé à son propre sang. Bien que mort, il a encore la passion et la rage du combat. Il demande à son naa'ti de lui montrer sa longue vie et les traces que son passage a laissé sur le monde, par curiosité mais aussi avec une certaine fierté. Le naa'ti, quant à lui, en a vu bien d'autres et reste imperturbable, un peu blasé peut-être face à la fougue et l'enthousiasme du Draeneï. Dans son infinie sagesse, mais tout de même légèrement amusé, il répond : — Facile, regarde, mon fier guerrier...
Un chemin se dessine alors sous les yeux émerveillés du Draeneï, la trace de sa vie, de son enfance jusqu'à son dernier souffle. Satisfait, jouant machinalement avec ses tentacules faciaux, il contemple un long moment le chemin laissé par ses pas sur le sable de son existence, empreintes de sabots tantôt fermes et décidées, et d'autres fois hésitantes et sinueuses...
Il revoit ainsi les moments avec son père, quand Draenor était entier et qu'il fallait mémoriser l'histoire d'Argus dans les cristaux. Il revoit son premier amour et croit même se souvenir de l'odeur de sa peau alors qu'ils étaient allongés dans les hautes herbes près d'un ruisseau. Il revoit son premier fils et les armes en bois qu'il lui avait fabriqué... Puis Shattrath et la déception de n'avoir pas pu combattre ce jour maudit. — Mais, s'exclame-t-il soudain, regarde, là ! Les traces s'interrompent et reprennent plus loin !
Le Draeneï est outré, il ne comprend plus.
— Et là aussi, regarde, naa'ti, et là encore ! Mon chemin a été effacé par endroits ! Les meilleurs moments !
Le naa'ti reste un instant silencieux puis, dans son infinie douceur, répond au Draeneï suffoquant de rage sous cette flagrante injustice.
— Parfois, ta vie était bien trop lourde pour toi. Alors je te prenais dans mes bras et je te portais, jusqu'à ce que la joie te revienne et que tu puisses continuer ton chemin.
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