Fan-fictions World of Warcraft.
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V. A propos de l'énergie spirituelle.
par Celyan Belqueria
Au travers d'une étude comparée entre des cultures très diverses, telles que kaldorei, trolles, mogu ou taurènes, nous abordons avec le texte suivant le mystère de l'âme en elle-même, et la manière dont cette énergie pourrait lier chacun d'entre nous à un monde spirituel.
Grâce à de vastes connaissances, doublées d'une documentation approfondie, l'auteur met en lumière d'étonnantes similitudes entre ces croyances afin de proposer une pensée nouvelle sur les différentes manifestations de cette énergie. Préambule.
Les Kaldorei ont la conviction qu'Elune, également connue comme la Guerrière nocturne, emporte au ciel les morts les plus valeureux, qui deviennent des étoiles du firmament. Ainsi, tous les Kaldorei souhaitent "rejoindre l'étreinte de la Déesse" lors de leur trépas.
Cependant, beaucoup d'entre eux restent par ailleurs convaincus que les feux follets sont les esprits de leurs frères et sœurs, unis à la forêt. Cette croyance est largement partagée, et pas seulement parmi les druides liés au Rêve d'Emeraude. D'ailleurs, les ruines d'Auberdine [1], village traditionnel accueillant des Sentinelles, des maîtres d'hippogriffes et d'autres marchands sont parcourues par quelques feux follets, que l'on estime être les anciens habitants veillant toujours sur les lieux. On peut alors se demander comment coexistent et s'harmonisent ces deux croyances parmi ce peuple. Si un défunt rejoint Elune et les étoiles, peut-il dans le même temps s'unir au cœur de la forêt [2] ? Cette distinction entre un au-delà céleste et un au-delà attaché aux racines de la terre semble de prime abord inconciliable. La lune est moins claire,
Le ciel moins pur, La nuit plus obscure. Le vent plus amer. Depuis que tu n'es plus là Mon enfant, ma fille, Mon étoile, ma lumière, Ma belle Istaria. Puisse Elune prendre soin de toi. Epitaphe, Mont Hyjal.
Les âmes, les cieux et la terre.
Afin de mieux comprendre ces deux représentations de l'au-delà, il est intéressant de considérer l'éclipse de Soleil qui s'est produite au-dessus des Îles Brisées à la fin de l'an 36. Certains témoins elfes, présents lors de la mort d'Ysera, rapportent avoir vu la manifestation divine d'Elune soulever l'âme de la Reine d'Emeraude hors de son corps et l'élever dans le ciel obscurci, où elle disparut sous la forme d'une constellation d'étoiles.
Néanmoins, depuis que le Cauchemar d'Emeraude a été vaincu, certains druides affirment pour leur part avoir aperçu la forme humanoïde d'Ysera — que l'ex-Aspect dragon aimait revêtir lorsqu'elle s'entretenait avec les races mortelles — apparaître et disparaître à travers les énergies verdoyantes du Rêve d'Emeraude. Bien qu'Ysera soit loin d'être une simple mortelle – même en dépit de la perte d'une large part de ses anciens dons – on peut s'interroger quant au double devenir de son âme, et par analogie, de celles des Kaldorei. L'âme d'Ysera a-t-elle rejoint la Déesse lune tandis qu'un écho de son ancienne présence parcourt encore le Rêve d'Emeraude ? Dans ce cas, les feux follets ne seraient-ils eux aussi qu'une lointaine imitation laissée par les défunts kaldorei dans le monde physique comme une empreinte de pas sur le sable, tandis que leur âme s'élève dans les cieux pour y rejoindre Elune ? Considérons maintenant la perception de l'au-delà dans une autre grande civilisation, celle des Pandarens. Ceux-ci pratiquent le rituel du tan-chao, qui signifie littéralement "pont entre ciel et terre", et qui doit permettre de guider les âmes des défunts prisonniers entre deux mondes vers la paix. On retrouve ici l'allusion à une destination finale vers les cieux symbolisant l'au-delà, tandis que la terre symbolise le monde des vivants. Le tan-chao est effectué par un prêtre ou un moine pandaren à l'aide d'une bougie de cire contenant des herbes pilées produisant une flamme vive, d'un bol rituel orné de cercles concentriques, ainsi que d'un cong de jade, tube creux cylindrique à l'intérieur et cubique à l'extérieur. La partie cylindrique représenterait le ciel et la partie cubique la terre. Nous sommes perdus. Nous ne savons pas qui nous sommes, ni quelle est notre place. Nous errons dans les ténèbres.
Nous voyons une flamme vacillante. Elle semble lointaine, mais nous savons qu'elle est proche. Dans la lueur dansante, nous voyons un bol vide. Nous le remplissons, il devient notre corps. Nous nous reposons. Nous ne craignons pas la noirceur de ce monde, nous savons que ce n'est qu'une ombre, projetée par le glorieux monde au-delà. Nous ne craignons pas la brillance du tan-chao, nous savons que c'est la porte pour rentrer chez nous. Un pont entre la terre et le ciel. Extrait du texte sacré pour l'invocation du tan-chao, traduction en commun.
Comme l'indique le texte ci-dessus, il apparaît que les Pandarens distinguent un au-delà de ténèbres, intermédiaire, qui ne serait que l'ombre projetée de la destination : l'au-delà glorieux et paisible. Ainsi les spectres, fantômes et autres revenants ne sont pour eux que des âmes n'ayant pas encore rejoint le véritable au-delà.
Si l'on transpose ce concept dans la culture kaldorei, on peut imaginer que les divers spectres elfiques qui apparaissent parfois sont des âmes ne s'étant peut-être pas montrées dignes d'Elune, ou retenues prisonnières par des liens magiques, et condamnées à l'errance dans un monde obscur, loin de sa lumière. Le rite du tan-chao est notamment utilisé par les Pandarens dans les anciennes ruines mogu que de nombreux esprits sans repos hantent encore [3]. Se contenter de briser la sorcellerie de ces lieux saturés de magie maléfique fragiliserait la barrière entre le monde des morts et celui des vivants, et entraînerait le déferlement de ces âmes à l'agonie dans le monde physique. Il est donc nécessaire de les guider vers l'au-delà grâce à ce pont au moment de leur libération. Lorsque les esclaves venaient à manquer, les Mogu se livraient au braconnage et capturaient les âmes d'animaux locaux pour leurs expériences magiques. Quand les Pandarens font face à des esprits de bête captifs dans les ruines mogu, ils préfèrent les libérer dans les bois sans procéder au rituel du tan-chao, car selon eux, les esprits des bêtes ne peuvent atteindre l'autre côté. Les Pandaren considèrent que les esprits animaux retournent à la nature et à la terre où ils vivaient, et à laquelle ils sont irrévocablement liés, dans la vie comme dans la mort. Ce lien avec un "tout", qui comprendrait la faune, la flore, les éléments et le monde, se retrouve dans la culture taurène, également très liée à son environnement. Dans cette croyance, les esprits des défunts rejoignent leur déesse, la Terre-Mère, se fondent en elle et en tout ce qui la compose. En conclusion de cette première partie, il existerait après la mort un monde intermédiaire de ténèbres retenant les âmes des défunts n'ayant pas atteint leur destination pour des raisons magiques ou morales. Cet au-delà bien réel se situerait dans les cieux, que ce soit dans les bras d'Elune, ou plus généralement dans un monde de paix, de lumière et de repos en fonction des croyances. Quant au monde intermédiaire, il serait un lieu de ténèbres et d'oubli dans lequel les âmes incapables de rejoindre le véritable au-delà seraient condamnées à errer sans but, jusqu'à s'oublier en perdant leur personnalité et leur intégrité, pour se fondre dans le néant et ne devenir que de vagues spectres sans conscience. Cependant, il existerait une autre essence incorporelle, qui aurait sa propre destinée, différente de l'âme, et qui retournerait à la terre(-mère) pour se fondre dans toutes les formes de vie, y compris dans les éléments. Autel funéraire dans la Forêt de Jade, Pandarie.
L'énergie intérieure.
Les Pandarens sont de grands experts dans l'art de la maîtrise de leur énergie intérieure, nommée chi, que l'on peut traduire en commun par "esprit" dans le sens de "énergie spirituelle", ou encore de "force vitale". Cette énergie serait présente en toute créature, humanoïde, animale, végétale et même minérale ou élémentaire. Elle permettrait de lier la composante immatérielle — l'âme — à la composante matérielle — le corps. Les maîtres Pandarens parviennent ainsi à augmenter leur puissance physique en contrôlant ces flux énergétiques.
Par ailleurs, cette énergie nous relierait les uns aux autres, permettant à chacun d'exister individuellement tout en étant en cohésion avec un ensemble. Suivant ce concept de vie, les druides utiliseraient alors cette énergie — bien qu'il la nomme différemment — pour communier avec leur environnement. Alors que Pandarens façonnent leur propre énergie spirituelle, les druides s'harmoniseraient avec celle de la forêt afin d'en recevoir la bénédiction et d'y puiser l'énergie intérieure. De leur côté, les chamans entreraient en communion avec les éléments et les esprits animaux par le biais de cette énergie universelle, transcendant ainsi leurs natures respectives, pourtant si différentes. Retournons chez les Mogu, afin de considérer le cas des Griffesprits. A l'apogée de l'empire mogu, les Griffesprits étaient une secte de prêtres-assassins, particulièrement craints pour leur maîtrise d'un coup fatal capable de capturer l'âme de leur victime, la piégeant dans un flacon de jade. Le récipient était ensuite confié à un lieur d'âme, qui enchaînait l'âme prisonnière aux statues de pierre constituant leur armée. Les Mogu étaient donc capables de défaire les liens unissant l'âme à son corps, pour la lier à un autre corps. Si l'on considère que pour séparer ainsi une âme de l'enveloppe physique, il est nécessaire de briser le chi, "l'esprit", qui justement les relie et les maintient ensemble, alors les Griffesprits seraient littéralement "ceux qui balafrent/déchirent l'esprit". Quant aux lieurs d'âme mogu, ces sorciers remplaçaient probablement l'énergie spirituelle par de l'énergie arcanique pour contraindre les âmes des victimes à s'intégrer dans des simulacres de pierre, de même que la magie d'ombre relie improprement les âmes des morts-vivants à leurs corps décomposés. On peut supposer que tant qu'un fragment de cette énergie originelle est intact, l'âme pourra réintégrer son corps d'origine si l'on répare ce lien spirituel, bien que des études portant sur l'art délicat des flux soient sans doute nécessaires. Les cas d'inconscience prolongée ou de coma pourraient être imputés à la détérioration de points de jonction corporels, au travers desquels circule cette énergie spirituelle qui relie le corps et l'âme, et que certains nomment chakras. Edifice gurubashi dans la jungle de Strangleronce.
De leur côté, les Trolls auraient, depuis la nuit des temps, une connaissance primitive et innée de cette énergie spirituelle, qu'ils nomment mojo, e'ko, ou encore muisek. Quels que soient le dialecte et le nom qu'ils lui donnent, les Trolls ont connaissance de cette énergie latente qui peut être puisée en toute chose, ou récupérée au moment de la mort d'une créature, fut-elle trolle, animale, ou même divinité comme l'ont prouvé les Drakkari en sacrifiant leurs Loas pour en obtenir la force vitale, le mojo.
Les Trolls usent et abusent de cette énergie spirituelle dans leurs rituels vaudou quotidiens, et il est certain qu'il y aurait beaucoup à apprendre en observant leur façon de la manipuler et de l'employer. Par exemple, alors que les Trolls n'ont aucune connaissance de l'ingénierie, leurs fameux golems et figurines vaudou, constructions autonomes et obéissantes bien que rudimentaires, sont vraisemblablement alimentées par de petites portions de mojo soutiré à des créatures, ennemies si possible, voire à leurs propres créateurs. Bien évidemment, chaque créature possède une énergie spirituelle — donc un chi, ou un mojo — différente, qui varie en puissance, en intensité et en forme, en fonction de l'âme et du corps qu'elle doit lier. Puisque l'énergie spirituelle s'adapte au corps et à l'âme, elle se modifie certainement au gré des marques laissées par la vie de chacun sur ces deux composantes. Ainsi, il est fort probable que l'énergie spirituelle de l'Archidruide Malfurion Hurlorage ait grandement changé et se soit adaptée à sa nouvelle enveloppe charnelle lors de son contact prolongé avec le Rêve. Lorsque son énergie spirituelle sera libérée, sa puissance et sa forme remarquable laisseront sans nul doute une marque dans le flux universel bien après la disparition de son corps. C'est peut-être de là que naquit dans certaines cultures le besoin de forger sa destinée, ou son héritage, pour accéder à l'accomplissement et à la gloire dans l'au-delà, permettant ainsi à l'individu de laisser son empreinte personnelle unique dans l'énergie universelle, même après sa mort. Pour conclure, les ancêtres rejoignant la Terre-Mère parmi les Taurens, ou les animaux retournant à l'essence de la nature, ne seraient pas les âmes des individus, mais l'écho de leur énergie intérieure, fondue dans l'énergie commune et universelle qui relie tout ce qui existe. Il conserverait quelques bribes éphémères des souvenirs et de la personnalité profonde de l'être vivant, s'estompant peu à peu pour rejoindre la source-mère. En conséquence, les feux-follets, seraient des reflets énergétiques lointains de leur ancienne enveloppe elfique, tandis que leur âme rejoindrait le repos accordé par Elune dans le firmament. ***
[1]. Auberdine est un village côtier de la région elfique de Sombrivage, qui fût détruit par le Cataclysm en l'an 30. Les ruines en sont depuis laissées à l'abandon. Toutes les notes sont de l'auteur.
[2]. Certains pensent que le fait d'être lié à la forêt signifie littéralement "être lié à Aessina", une Ancienne vénérée par les Kaldorei, parfois surnommée la Mère des feux follets, représentant la source de vie et l'âme de la forêt. [3]. Le tyrannique empire mogu opprima les autres peuples de Pandarie durant de longs siècles. Les Mogu étaient de puissants sorciers et se livrèrent à de nombreuses et sombres expériences magiques nécessitant des âmes, qu'ils arrachaient à leurs esclaves issus des "peuples inférieurs".
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