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La Lumière, mythes et réalités Mythes et pensée  <    Publications     > 
VI. La Lumière, une magie comme les autres.
par Thenna Rocvent
La Lumière canalisée sur des morts-vivants induit une vive douleur, et ce même dans un but curatif. Peut-on en déduire pour autant qu'Elle est dotée d'une conscience divine bienfaisante ? Mais alors, que penser des dérives des croisés Ecarlates qui L'utilisèrent dans des combats fratricides ?
Lorsque la figure d'entité suprême incarnée par la Lumière semble s'effriter, seul le recensement rigoureux de ses modalités d'utilisations et de ses conséquences peut permettre d'en comprendre le fonctionnement rationnel.
L'auteure nous livre ici le résultat pragmatique de son expérience de mage de guerre du Kirin Tor, dans le but de définir les caractéristiques physiques et magiques de la Lumière, en tant que force neutre. Son approche méthodologique rigoureuse aborde les similitudes et différences de cette énergie avec d'autres formes de magie mieux connues comme l'arcane.
Introduction.
Parmi le peuple humain, on prie souvent la Lumière à des occasions solennelles comme les couronnements, les mariages, les enterrements, mais aussi au quotidien, en guise même de salutation. On la prie ainsi de guider les pas de notre prochain, ou de veiller sur un couple, etc.
Cependant, très peu comprennent la nature exacte de la Lumière. On se contente bien souvent de penser qu'il s'agit d'une entité bienveillante, toujours présente pour les personnes dans le besoin, et qui communique par signes. Pourtant, Sa bienveillance n'est égale qu'à celle de la personne qui l'utilise et La soumet à sa volonté, car la Lumière est, comme l'Arcane, à disposition de ceux qui savent l'appeler. Une fois entre les mains de son incantateur, elle peut être utilisée selon le bon vouloir de celui-ci.
Ce texte vise donc à établir une comparaison entre la Lumière et les autres magies connues, afin d'obtenir une vision plus claire et plus précise de sa nature et de son fonctionnement.
La source du pouvoir.
On peut distinguer deux sources à la magie. Celle qui se trouve autour de nous — sources extérieures multiples —, et celle qui se trouve en nous.
Un mage pourra puiser la puissance des Arcanes depuis des lignes telluriques, grâce à un ensemble complexe de gestes ou d'inscriptions. Les démons, les démonistes et les mages imprudents — ce qui revient un peu au même — usent des mêmes procédés pour tirer leurs pouvoirs du Néant Distordu lui-même. Les chamans et les druides, quant à eux, puisent leurs pouvoirs respectivement dans les plans élémentaires et dans la nature environnante. Pour ce qui est des sources de magie provenant de soi, on citera ce que les moines appellent le chi, manifestation de leur propre esprit, qu'ils sont parvenus à maîtriser.

Partant de là, il serait simple de considérer que la Lumière est une manifestation de la foi que les plus pieux sont parvenus à modeler. Mais, si la foi, ou du moins la volonté, est effectivement une composante essentielle de l'emploi de la Lumière, il faut plutôt la voir comme une clé. En effet, la Lumière, selon l'une des théories les plus communément admises de nos jours, serait une source universelle que l'on peut trouver en chaque être, et tout autour de nous, puisqu'il s'agirait de l'une des énergies impliquées dans l'origine de la création des mondes. Cette particularité de source double la distinguerait donc des autres formes de magie.
Prêtres et paladins y accèdent par leurs propres jeux de runes et mots de pouvoirs [1], mais surtout par leur volonté. Cette volonté, qui, dans le cas des mages, est le résultat de nombreuses années d'étude et d'une grande concentration, est incarnée par ailleurs par de longues années de dévotion, d'abnégation et une grande foi chez les prêtres et paladins.
La manipulation des forces.
Parmi les autres comparaisons possibles vient le modelage de l'énergie pour obtenir le résultat escompté, qui varie selon les magies. Si, initialement, les mages peuvent utiliser l'arcane dans sa forme brute, dosée et délivrée sous la forme d'impulsions ou d'explosions arcaniques, ils parviennent, au prix d'un long apprentissage et d'une imagination féconde, à manipuler et modifier l'arcane pour lui donner de nombreuses formes, notamment en la transformant en feu et glace. C'est ce qui représente à mon sens deux tiers des efforts que doit fournir un mage pour lancer un sort.

A contrario, il est des magies pour lesquelles la considération du lanceur de sort n'est pas prise en compte. Les druides et les chamans doivent composer avec les ressources qui leur sont disponibles. Ainsi, je n'ai jamais vu un chaman obtenir un ensemble cohérent à partir des énergies que les éléments mettent à sa disposition. Leurs sorts sont toujours une manifestation brute de l'esprit appelé, à l'image de la nature chaotique de ce dernier. De son côté, un druide ne pourra pas vous offrir de bouquet de roses s'il n'en a pas au moins les graines — un mage le peut, mais les fleurs invoquées fanent d'une étrange manière — car le druide est limité aux ressources de son environnement immédiat, ou aux composants qu'il a eu le bon sens d'emporter avec lui [2].

Là où l'arcane est donc très malléable, les magies naturelles et élémentaires sont limitées aux ressources disponibles. Qu'en est-il alors de la Lumière ?

La Lumière apparaît souvent entre les mains des prêtres et paladins sous forme d'auras, ou encore de vagues lumineuses informes. Cependant, tout comme l'arcane des mages, ils peuvent également lui donner des formes, qui ne dépendent que de leur formation et imagination. Ainsi, le culte de la Lumière est si bien ancrée dans la culture humaine, et a si bien marqué l'imaginaire collectif, qu'il a empli les esprits des dévots de marteaux vengeurs, de symboles divins, de chaînes dorées, d'auréoles et d'ailes angéliques.
Nul doute qu'elle pourrait apparaitre sous d'autres formes au sein d'autres races, mais on remarque une récurrence d'auras faisant bouclier, d'auréoles et d'ailes, chez les prêtres de toutes races. Pourquoi les prêtres de la Lumière et les prêtresses d'Elune disposent des mêmes boucliers et auréoles ? Pourquoi les Marche-soleils [3] ont-ils des ailes de Lumière ? Pourquoi même les prêtres trolls manifestent-ils leurs pouvoirs de ces façons ?

Les Titans m'apparaissent comme dénominateurs communs, car même si les Elfes, les Taurens et les Trolls ne les considèrent pas comme leurs divinités principales, les Faiseurs ont posé leur marque dans le monde dans lequel vivent ces races, et ont laissé des traces en tant que Créateurs et êtres des astres. Deux sur trois de ces races vénèrent les astres, l'autre est supposée avoir déjà existé lorsque les Titans ont façonné le monde, et les a donc potentiellement vu venir.

Ceci posé, je ne suis pas experte en archéologie, et ne peux donc que supposer que l'héritage des Titans a touché chacune des races de notre monde de manière plus ou moins directe, en laissant ces symboles communs. Cependant, ce constat permet d'éloigner la Lumière d'un concept d'entité consciente et figurée, puisque la forme qu'elle revêt n'est pas de son fait, mais dépend bien de l'utilisateur.
La relation établie par l'utilisateur.
Nous avons vu que la Lumière, de par sa nature universelle, devrait être une source infinie et se trouver à disposition des prêtres et des paladins, sans contrainte, autant que l'Arcane peut l'être pour ses utilisateurs. On relève pourtant quelques cas d'individus ayant perdu leur lien avec elle, se retrouvant ainsi incapables de l'utiliser, comme par exemple le prince déchu Arthas de Menethil, les Roués d'Outreterre et les chevaliers de sang.
On pourrait en conclure hâtivement que la Lumière est une entité consciente, qui choisit ses élus et se coupent de ceux qui lui sont indignes. En effet, les seuls autres lanceurs de sorts pouvant perdre leurs pouvoirs de façon arbitraire sont les chamans, lorsque les éléments, entités conscientes et indépendantes, refusent de leur apporter leur aide. Peut-on dire pour autant que la Lumière "décide", elle aussi, à la manières des éléments, de qui pourra ou non profiter de ses pouvoirs ?
Certains pensent que la Lumière est une entité pensante, car elle n'accorde volontairement ses dons qu'à un utilisateur disposant d'une certaine "valeur" morale. Cette hypothèse est cependant réfutée par les nombreux cas avérés d'individus, ou groupes d'individus, se passant de ce prérequis. Ainsi, les chevaliers de sang, lorsqu'ils étaient encore totalement exécrables, utilisèrent leurs techniques de ponction de la magie pour extorquer au Naaru nommé M'uru l'essence de Lumière dont il était constitué. Ils pouvaient donc utiliser cette magie librement, sans avoir à se poser des questions d'ordre moral.

On en revient donc à cette histoire de clé évoquée précédemment. Vous aurez beau avoir le plus grand des coffres à pouvoir devant vous, vous ne pourrez que le regarder avec envie si vous n'avez pas la clé pour y accéder. La clé pour les chamans est l'entente avec les éléments. Pour les druides, il s'agit de la nature environnante. Pour priver un mage ou un démoniste de son pouvoir, il faut lui couper les bras, les jambes et la langue — lui casser les dents fonctionne aussi — mais, pour un prêtre ou un paladin, les clés sont la volonté et la foi. Et cette volonté et cette foi doivent être dirigées vers quelque chose.

La Lumière étant une énergie fondamentalement positive, ceux qui veulent y accéder doivent être animés par la volonté de faire le bien. Autrement dit, voir la foi en la justesse morale de leur action. Les paladins qui agissent "mal", tels que les Croisés Écarlates qui furent manipulés par un démon, ne le font ainsi que selon un point de vue extérieur — et souvent plus éclairé que le leur —, ou ont usé d'artifice pour manier une Lumière qu'ils n'ont pas eux-mêmes appelés. Les chevaliers de sang, dont nous venons d'expliquer les odieuses machinations, figurent également dans cette catégorie.

Il faut aussi noter le rôle d'un corps sain. Ainsi, les Roués, qui étaient des Draeneï aussi pieux que les autres, perdirent contact avec la Lumière lorsque les énergies démoniaques qui flottaient en Outreterre changèrent leurs corps. Par ailleurs, les chevaliers de sang l'ont vraisemblablement perdu lorsque la ponction d'énergie démoniaque se fit à l'échelle du peuple entier, saturant leur corps de ces énergies. On ne sait pas exactement quand le prince Arthas perdit lui-même son lien, mais cela a selon moi été définitif lorsqu'il prit en main l'épée maudite. L'aspect psychologique n'est cependant pas à négliger, le sentiment d'abandon ou d'impuissance — la perte de volonté donc — jouant une part conséquente dans la coupure du contact. C'est pourquoi, à l'exact opposé, des êtres à la volonté suffisante peuvent utiliser la Lumière même si leur corps n'est plus qu'un cadavre animé par de sombres énergies.

Au regard de ces faits, l'argument d'une magie divine, conférée par un ou des êtres suprêmes, accordant ou non leur bénédiction selon leur désir, n'a plus grande valeur. Ces faits nous montrent en effet que la Lumière n'est qu'une énergie sans conscience propre, au même titre que l'arcane. Elle peut ainsi être manipulée par des êtres disposant de la force mentale et de la capacité physique nécessaires, mêmes si ces personnes se révèlent malintentionnées.
Cas pratiques et conclusion.
Dans son utilisation quotidienne, la Lumière possède de nombreuses similitudes techniques avec les autres magies connues, la plaçant sur un pied d'égalité avec ces dernières. A plus petite échelle que la ponction d'un Naaru, il est, par exemple, toujours amusant de lancer un vol de sort sur un prêtre afin d'apprécier son désarroi lorsque son bouclier lumineux passe à l'ennemi. Parfois, je me demande si certains d'entre eux, à force d'être confrontés à des kleptomagi, n'en ont pas perdu la foi. Les contresorts s'appliquent aussi bien aux prêtres et paladins qu'aux mages, chamans, druides et autres, les coupant de leur force mentale nécessaire pour puiser dans leur source de pouvoir. Cette coupure peut s'effectuer à plus grande échelle, lorsque toute une région est soumise à "l'anti-magie" ou à des barrières de sorts, comme celles utilisées lors du procès de Hurlenfer. Par ailleurs, la Lumière est, comme toutes les magies, dissipée par la cape d'ombre d'un assassin.

La Lumière peut être contenue dans des réceptacles, comme le cristal qui a mené à la conception de Porte-Cendres, tout comme il est possible d'enchanter des objets par l'Arcane ou de les imprégner du pouvoir d'un élément. Les paladins disposent de leurs propres runes, parfois gravées sur leurs armes et armures, et renforçant leur pouvoir. On sanctifie ces équipements pour les mêmes raisons. Les motifs qui apparaissent au sol lorsqu'un paladin irradie d'une certaine aura, ne sont à mon sens que des runes spécifiques à ce pouvoir, tout comme les mages peuvent en produire pour leurs propres sorts.

L'Arcane permet de manipuler la réalité elle-même, l'espace, le temps, la matière, etc. La Lumière, elle aussi, semble posséder des propriétés hors du commun et façonne le destin des êtres qui vivent à ses côtés. Elle s'avère néanmoins être une énergie qui peut ployer sous la contrainte de l'Arcane, les elfes de sang l'ont prouvé avant les autres. J'ajouterai que, s'il n'y avait pas dans la Lumière, au-delà de son aspect mystique et divin, une énergie quantifiable, mesurable et manipulable par des procédés concrets, les Gnomes ne s'y seraient jamais intéressés, et elle n'aurait de toute façon jamais été à portée de leur compréhension.
***

[1]. Prières, litanies et cantiques.
[2]. Ne partez jamais en mission avec un druide étourdi.
[3]. Ordre tauren, équivalent aux paladins, ou encore aux prêtresses de la Lune kaldorei, ainsi nommés car ils suivent la voie d'An'she, l'œil droit de la Terre-mère, symbolisé par le Soleil.

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