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Le Voyage des âmes, rites et croyances d'outre-monde Mythes et pensée  <    Publications     > 
VII. Les spectres, rémanences elfiques.
par Aelirenn
Avec ce texte, l'auteure examine le cas des spectres, considérant que ces manifestations éthérées sont liées aux âmes de certains défunts restées prisonnières ici-bas, incapables de rejoindre l'au-delà.
Une croyance populaire considère que les fantômes, visibles par les vivants, sont captifs d'une émotion négative comme la colère ou le chagrin, et qu'ils continuent d'agir comme s'ils étaient encore vivants tant qu'ils ne sont pas libérés de ce fardeau. Mais est-ce toujours le cas ? Une âme qui n'a pas trouvé le "repos" est-elle toujours tourmentée, frustrée de ne pas avoir accompli un ultime dessein ?
De nombreuses cultures partagent la même croyance qu'après la mort, l'âme quitterait le corps physique pour rejoindre le Royaume des Ombres [1]. Des rites funéraires appropriés permettraient alors de l'aider à lui faire franchir la barrière invisible séparant le monde des vivants de celui des morts. Néanmoins, certaines âmes resteraient liées au monde physique et deviennent ce qu'on appelle communément des fantômes, des spectres, des esprits, des âmes errantes ou même des banshee.

L'étude des ruines elfiques datant de l'empire d'Azshara, bien connues pour être hantées, offre une large diversité de cas de morts tragiques et souvent brutales, qui nous permettent d'explorer les nombreuses causes et raisons de la survenue de rémanences spectrales. Nous verrons par des cas particuliers à quel point la magie arcanique peut jouer un rôle majeur dans l'apparition des spectres.
Kel'theril, la malédiction de Zin-Malor.
Le cristal de Zin-Malor doit son nom au temple éponyme où il était conservé, l'un des premiers lieux de culte d'Elune à Eldarath, non loin de Zin-Azshari. D'origine incertaine, Zin-Malor était un artefact magique d'une puissance incomparable, un catalyseur agissant comme un prisme pouvant diriger les arcanes dans toutes les directions de manière complètement imprévisible. Seuls les plus puissants sorciers étaient capables de le tenir et l'utiliser. Peu avant la Grande Fracture, les Bien-Nés de Kel'theril volèrent l'artefact pour le ramener dans leurs montagnes lointaines, aujourd'hui appelées Berceau de l'hiver. Utilisé de façon imprudente, le cristal vola en éclats et condamna les sorciers Bien-nés à une errance éternelle sous forme spectrale.

Néanmoins, cet artefact brisé ne fut pas oublié et le cristal demeura toujours convoité. Il y a environ un siècle, il attira l'attention de l'Archimage Maenius, un descendant Quel'dorei, qui organisa une expédition pour se rendre à Kel'theril, bravant ainsi l'Exil prononcé il y a des millénaires à l'encontre de ce peuple [2]. Il parvint à réunir les fragments du cristal, et la malédiction frappa à nouveau. Depuis ce jour, les fantômes de ces Haut-elfes de Quel'thalas errent aux alentours des eaux gelées du lac Kel'theril.

Il y a une décennie à peine, après la destruction du Puits de Soleil, des Sin'dorei se mirent eux aussi en quête des promesses de l'artefact, dans l'espoir de sauver leur peuple désespéré et assoiffé de magie, mais le même funeste destin les frappa.

Des années plus tard, lors du Cataclysme, un mage humain nommé Umbranse le collectionneur parvint à retrouver et à utiliser le cristal, avec lequel il provoqua des octachores [3] chaotiques et créa des troubles arcaniques majeurs. Ce n'est qu'avec l'intervention du Vol Bleu et grâce à la magie druidique des Séléniens de la région que le mage fût défait et le cristal remis en lieu sûr.
Lorsque l'artefact perturbateur fut ainsi éloigné, les esprits elfiques purent enfin trouver le repos. Il semble donc bien que le désordre arcanique généré par le cristal était ce qui empêchait leurs âmes de rejoindre le Royaume des Ombres, bien davantage que leurs supposés remords ou regrets.
Eldre'thar, la mort vous va si bien.
Les ruines perdues d'Eldre'thar, situées dans les Serres Rocheuses, sont le théâtre d'un étrange phénomène. En effet, si les édifices elfiques n'étaient pas en ruine et si les fantômes de Bien-nés n'avaient pas une apparence translucide caractéristique, on pourrait croire qu'une sorte de sortilège temporel a épargné ce lieu du Grand Effondrement [4].

Plus intéressant encore, les spectres qui occupent Eldre'thar ne semblent pas avoir conscience de leur état. Ils restent piégés dans les derniers souvenirs qui ont précédé leur trépas et agissent en conséquence, indifférents à toute autre réalité. On peut ainsi y entendre des harangues — pour le moins anachroniques — à propos des flux et reflux magiques provoqués par les démons, affirmant que leurs "alliés" du Néant Distordu sont la promesse d'une grande source de puissance et qu'il faut continuer à avoir foi en la Reine.

Si la mort est un passage et que l'âme quitte notre corps physique, une mort trop brutale peut-elle perturber ce voyage délicat vers un autre monde ? On a vu précédemment l'influence indéniable de l'Arcane sur les spectres piégés, et l'on peut se demander si la Grande Fracture, avec la libération destructrice et soudaine de la magie arcanique du Puits d'Eternité qui implosa, n'aurait pu piéger les âmes des habitants d'Eldre'thar dans un souvenir. Mais alors, pourquoi la destruction du Puits aurait-elle eu cet effet en ce lieu, relativement éloigné de l'épicentre de l'implosion ? Comment expliquer que d'autres villes elfiques, plus proches du Puits et probablement habitées lors de la Grande Fracture, n'aient pas été frappées par pareil phénomène ? Est-il possible qu'Eldre'thar soit situé sur un torrent d'énergie arcanique — une ligne ou un nœud tellurique — d'une plus grande puissance que la moyenne ?

Bien que nous n'ayons pas de réponse à cette question, le cas d'Eldre'thar reste emblématique. En effet, loin d'entendre les échos déchirants de leurs pleurs ou des hurlements de rage désincarnés, force est de constater que les spectres qui hantent Eldre'thar semblent poursuivre leur routine dans une certaine quiétude, ce qui écarte davantage la théorie qui voudrait que les spectres visibles par les vivants soient attachés à notre monde par de fortes émotions de désespoir et de colère.
Sombrebrume, la vengeance gangramère.
Nous savons depuis peu, grâce au savoir illidari, que les âmes des démons supérieurs de la Légion Ardente sont immortelles. A leur mort, elles retournent dans le Néant Distordu avant de reprendre leur éternité de servitude. Ceci est à relier au cas des ruines de Sombrebrume, au cœur de Féralas.
Là-bas, les spectres qu'on peut observer ne sont pas prisonniers d'un souvenir, ou maudits par un artefact, mais piégés par un démon de la famille des Ered'ruin et répondant au nom de Verinias. Ce dernier semble puiser dans l'énergie spectrale des défunts pour les empêcher de trouver le repos.

Des récits locaux affirment que Verinias était un Shen'dralar [5], qui aurait survécu au Grand Effondrement. Les raisons précises de sa transformation en être démoniaque divergent, mais l'on sait qu'il s'opposa avec fermeté au Prince Thortheldrin qui avait pour projet insensé d'enchaîner le démon — une Terreur du Vide — Immol'thar pour en puiser la magie après l'implosion du Puits d'Eternité.
Lorsqu'il voulut quitter Féralas avec sa compagne pour rejoindre Dath'remar Haut-Soleil dans son Exil par delà la Grande Mer, celle-ci révéla sa véritable nature de succube et le changea en abomination démoniaque afin de le rallier à la Légion Ardente. Néanmoins, grâce à sa volonté, et poussé par les remords d'avoir trahi ses anciens frères Bien-nés, il serait parvenu à détruire la succube et, pour empêcher son âme de partir dans le Néant, il continua à puiser l'énergie spectrale des lieux afin de la garder captive ici-bas.

Il semble donc que certains démons soient capables de maintenir une âme dans un état de non-vie. Les terribles pouvoirs nécromants des Seigneurs de l'effroi sont évidemment bien connus, mais il semblerait que les Ered'ruin agissent d'une autre façon en puisant l'énergie spectrale, c'est-à-dire la substance même des spectres, pour les empêcher de quitter ce monde. On peut alors se demander si, lors du trépas, l'âme aurait besoin d'une énergie magique suffisante pour passer dans l'au-delà. Pour rappel, on a vu précédemment qu'un excès d'énergie pourrait au contraire bloquer le passage des âmes.
L'antique cité elfique de Nar'Thalas, Azsuna.
Nar'Thalas, la fureur d'une Reine.
Citons enfin le cas des terres d'Azsuna, sur les Iles Brisées, qui sont entièrement hantées par les sujets du Prince Farondis, ancien vassal de la Reine Azshara du temps de l'empire kaldorei.
Ce prince aurait vu ses frères succomber à la corruption démoniaque et il en rendait responsable la Reine qui avait permis à la Légion de pénétrer sur Azeroth. Dans un acte désespéré, il aurait alors envisagé d'utiliser un artefact — la Pierre des marées — pour détruire le Puits d'Eternité, afin de fermer le passage à la Légion et empêcher ainsi le Titan Noir d'accomplir son sombre dessein. D'une manière ou d'une autre, la Reine fut informée de cette trahison et détruisit la Pierre, libérant une vague de sombre énergie qui eut pour effet de maudire la région entière, condamnant ses habitants à une éternité de vie spectrale.

Bien que là encore, un artefact soit à l'origine des présences spectrales, les fantômes de Nar'Thalas sont néanmoins différents des autres cas cités. En effet, ils ne semblent pas soumis à des émotions négatives, ni être piégés dans un souvenir. Ils ont pour la plupart conscience de leur état et puisent dans la magie puissante des lieux pour se manifester, défendre leurs terres en ruine, et même lancer des sorts.

On rapporte qu'un éminent alchimiste de la cour du Prince Farondis, le magistère Garuhod, aurait conçu par hasard une mixture qui l'aurait fait disparaître. Certains soutiennent avoir aperçu peu de temps après un feu follet lui ressemblant et affirmant qu'un philtre magique permettrait de libérer les habitants d'Azsuna de cette malédiction. Hélas, la recette n'a pas pu à ce jour être reproduite et les spectres continuent de errer parmi les ruines de la région.
Conclusion.
Les créatures fantomatiques — parfois nommées esprits — citées dans ces différents exemples semblent composées d'essence spectrale et semblent devoir puiser dans une énergie magique ou vivante pour se manifester — tout comme la magie active les poudres d'enchantement. La plupart d'entre eux conservent une apparence semblable à celle qu'ils avaient du temps de leur vivant. D'autres cependant sont réduits à l'état d'ectoplasmes informes, bien éloignés de leurs formes originelles.
La présence de la majorité de ces spectres semble liée à des troubles arcaniques environnants. Nous savons que les Elfes bien-nés étaient particulièrement versés dans les arts arcaniques, leur compréhension de la magie étant encore inégalée par les races mortelles, et ceci peut expliquer l'abondance de fantômes dans des lieux marqués par l'histoire elfique à divers endroits d'Azeroth.

Comme le cas de Verinias le montre, il semble que certaines âmes puissent être retenues entre deux mondes par une sorte de ponction de leur énergie, ce qui laisserait penser qu'une telle énergie soit nécessaire aux esprits pour traverser les différents plans d'existence et rejoindre le Royaume des Ombres. On peut alors se demander si les malédictions liées à des artefacts arcaniques comme le cristal de Zin-Malor ou la Pierre des marées sont d'une nature similaire. Mais, dans ce cas, pourquoi les esprits d'Azsuna, pourtant capables de recourir aux arcanes de la région, ne parviennent-ils pas à mettre à profit cette énergie pour se libérer ?

Si les raisons de la présence de spectres sont multiples, il apparaît qu'une source de magie est dans tous les cas nécessaire pour maintenir ces manifestations dans notre monde. Il semble également évident que les fantômes sont retenus ici-bas contre leur gré et qu'ils n'aspirent à rien d'autre qu'au repos.
Ainsi donc, si l'on souhaite les libérer, il faudra en premier lieu chercher la source de magie qui les retient, afin de la couper, ou de l'éloigner. Si cela n'est pas possible, ou si cela reste sans effet, on pourra envisager de détruire les manifestations elles-mêmes, grâce à des armes enchantées ou en argent qui permettent le plus souvent de réduire un fantôme en un tas de poudre spectrale. Néanmoins, lorsqu'un fantôme est très attaché à notre monde, que ce soit par le biais d'une malédiction par exemple, ou encore par des sentiments très forts, il est possible que ces solutions soient inefficaces. Dans ce cas, il sera sans doute nécessaire de faire appel à une personne connaissant parfaitement les liens subtils qui lient notre monde au Royaume des Ombres.
***

[1]. Le Royaume des Ombres désigne communément les limbes, un monde parallèle à celui d'Azeroth — comme le Rêve d'Emeraude — dans lequel existent entre autres les esprits de rédemption, les ombres et des entités liées aux Chevaliers de la Mort, et qui accueillerait les âmes des morts. Toutes les notes sont de l'éditeur.
[2]. Après la Guerre des Anciens, de nombreux Kaldorei bien-nés refusèrent d'abandonner la pratique des arcanes pour le druidisme. Ils choisirent donc de s'exiler par la mer et devinrent plus tard les Hauts-elfes que nous connaissons.
[3]. Terme arcanique pour désigner des portails reliés à d'autres dimensions.
[4]. L'auteure désigne ainsi la Grande Fracture, conséquence directe de la Guerre des Anciens et de l'explosion du Puits d'Eternité.
[5]. Signifiant ceux qui restent cachés en langue elfique, les Shen'dralar sont un petit groupe de Bien-nés proches de la Reine Azshara ayant œuvré à des recherches arcaniques. Après un long exil, le retour de certains d'entre eux fut accepté dans la société des Elfes de la nuit peu avant le Cataclysme.

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