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La Part divine par Ambre Contes et légendes du monde  <    Publications     > 

[Adaptation d'une vieille légende hindoue.]
La Part divine

par Ambre
lors de la Veillée à la Chope le 29e jour du 8e mois de l'an 34.
En un temps maintenant révolu, sur un monde perdu à jamais, nos ancêtres les Eredars étaient si puissants qu'ils se prenaient parfois pour des dieux — certains disent des Naaru —, sans toutefois en avoir la sagesse. Maîtrisant aussi bien les technologies les plus complexes que les magies les plus fines et les plus variées, ils remplirent leur monde de merveilles et soumirent les saisons elles-même.

Alors bien sûr, ce qui devait arriver arriva. Ils abusèrent tellement de leur immense savoir que les dieux — certains disent les Naaru — commencèrent à s'inquièter, un peu comme des parents attentifs qui observent leur rejeton faire ses premiers pas en s'appuyant sur le vaisselier de tante Berthe... Ou peut-être prirent-ils ombrage du génie créateur des Eredars, eux qui se contentaient souvent de veiller à la bonne marche du monde sans trop bouger leurs fesses.

Quelles qu'en soient les raisons précises, ils décidèrent d'intervenir, de leur ôter leur fragment de divinité et de le cacher hors d'atteinte, dans un endroit où il leur serait impossible de le retrouver. Le grand problème fut donc de trouver à ce pouvoir divin une cachette sûre et tous les dieux — certains disent les Naaru — furent convoquer et instamment priés de se creuser la cervelle pour trouver une idée.

L'un des plus anciens, encore très respecté bien qu'ayant souvent tendance à somnoler en ronflant lors des réunions, proposa d'une voix forte :
— Enterrons la divinité des Eredars sous la terre !
Ce à quoi il lui fut répondu avec justesse :
— Non, cela ne suffit pas, car ils creusent le sol et finiront bien par la trouver.

Un autre dieu, bien connu pour son caractère emporté, rugit alors :
— Dans ce cas, jetons la divinité dans le plus profond des océans !
Mais on lui répondit avec finesse :
— Non, car tôt ou tard, ils exploreront les profondeurs de tous les océans et il est certain qu'un jour, ils la trouveront et la remonteront à la surface.

L'assemblée grognait, déconfite et mécontente, à cours d'idée et pressée de retourner à ses affaires, qui à sa partie de cartes, qui à l'entretien de ses pétunias, qui à son traîté sur la réforme de l'enseignement des pilotes...
— Nous ne savons pas où la cacher car il ne semble pas exister sur Argus d'endroit que ces créatures ne puissent atteindre un jour ou l'autre... Et ils ont presque l'éternité devant eux !

Alors, un stagiaire, au fond de l'assemblée, se leva et proposa hardiment, d'une traite et sans reprendre son souffle, sans doute de peur qu'on l'interrompe :
— Et pourquoi ne cacherait-on pas cette part de divin au plus profond d'eux-mêmes ? Jamais ils ne penseront à la chercher là.

Ainsi fut fait. On raconte que le zélé stagiaire siège maintenant à la table principale lors du grand banquet millénaire, et qu'il a pris un peu de ventre. Depuis ce temps, les Eredars, ayant perdu leur divinité, méconnaissables et changés en Exilés, explorent l'univers à bord de nefs fabuleuses, à la recherche éperdue de quelque chose qui se trouve en eux.